Sophie Caral
Il s'enfonçait encore plus loin dans les méandres de la vanité alors qu'elle sautait à grand pas dans ceux de l'obséquiosité. Il était bel homme, à l'éloquence certaine, à la volonté assurée, elle prendrait plus de plaisir encore à le voir chuter.
Tout en muscle et le corps au teint légèrement halé, il rappelait ses gravures grecques, corps parfait, visage enjôleur, sourire à faire chavirer les coeurs. Le dégout qu'elle éprouvait pour lui à cette instant lui aurait fait pousser des crocs.
Elle fantasmait de le rouait de coups là sur place, de lui arracher des hurlements de douleurs, de fendre son crâne à coup d'objet contondant, de lui arracher le coeur avec une petite cuiller.
Presque chantonnant elle poursuivie:
Moi c'est Sophie, Caral est mon nom. Tu peux m’appeler Sophie, ou So, ou mon coeur, ou mon bébé d'amour en sucre d'orge!! J'ai été guidé ici par Stark, puis par Varonn. Je faisais route avec Mitra et Kakihara, je sais pas où ils sont passés, dommage c'était de sympathiques compagnons!!
Franck Dubogoss
La charmante enfant. Telle une adorable créature ailée et bourdonnante, la voilà se ruant tête baissée dans la toile que lui tissait nonchalamment l’incroyable sex-appeal de la Dubogossitude. Les ailes et les antennes frémissantes de désir de venir gouter à l’ivresse de son dard. Le sourire jusqu’aux oreilles, le bellâtre ne s’attendait pas à ce que le mérite d’une traque bien menée lui fut si rapidement ôté. La pauvrette était déjà littéralement entre ses pattes poilues.
Il éclata d’un rire tonitruant et fendit la foule qui s’était clairsemée pour la rejoindre prestement. La testostérone manquerait presque de lui dégouliner par les oreilles. S’agenouillant devant elle, il lui murmura d’une seule voix :
Sophie, c’est très bien...pour l’instant.
Il l’observa un moment dans le blanc des yeux, puis se reprit au bout d’un certain temps. Tout en s’époussetant les genoux en se relevant, il poursuivit :
Stark et Varonn ? Si tu étais avec Mitra et Kakihara comme tu le dis, il a souvenir les avoir lui-même guidés depuis l’est. Mais il se peut qu’ils aient été plusieurs à avoir oeuvré dans le rapatriement dans leur troupe. Ils ont mis en branle d’importants moyens pour venir en aide aux survivants des environs : ce n’est pas toutes les lunes qu’une série de bunkers aussi importante s’ouvrent au même moment.
Franck eut à un moment un doute. Les derniers mots prononcés par la jeune fille résonnaient d’une bien étrange manière, on aurait pu y percevoir une once d’ironie. Mais cette puce à l’oreille fut rapidement grattée et enfermée à double tour aux oubliettes en compagnie de son bon sens (porté disparu depuis un certain temps déjà). Il lui posa une main sur l’épaule d’un geste de compassion envers les multiples horreurs qu’elles avaient certainement endurée au cours de son périple
Ne t’inquiète donc pas pour eux, le désert est féroce, mais ils ont apprit avec le temps à le maitriser. Mitra est bel et bien arrivé à bon port. Quant à Kakihara, il a déjà signé pour une mission maritime et s’en est allé aussi vite qu’il était venu en compagnie d’une équipe de mineurs expérimentés.
D’un geste de la tête il désigna la taverne, qu’un alcoolique myope et imbibé ne raterait pas, même par temps de brouillard : le niveau sonore dont sa clientèle faisait preuve au quotidien renseignait bien sur l’activité de cet établissement.
Que dirais-tu d’une boisson revigorante en son incroyable compagnie ?