L'homme marionnette et l'homme de l'Est

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Depuis son essai au théâtre, Milosevik avait fait connaissance de l'homme aux marionnettes.
Un type, à l'apparence correcte, qui avait comme surnom Fozzie.
Le Serbe n'aimait pas les surnoms. Il voulait en savoir plus sur cet homme qui se cachait derrière des petits êtres fictifs.

En fin d'après midi le balafré l'avait croisé près du mur de défense et l'avait invité à boire un café.
Attention... pas un jus de chaussette fait à l'arrache au goût de charbon !
Non... un vrai café. Avec du grain récupéré dans une réserve intacte des ruines de la ville proche. C'était dans une cave d'un ancien bar... rasé en surface mais avec la cave encore en état. Une vraie mine d'or là dessous. Les Flesh and Blood avaient un bon stock de sucre, café, thé pendant de long mois. Pourquoi ne pas en faire profiter ?
Pour ce qui est de la machine, c'est avec Steeve que Jess avait travaillé la chose. Le pilote mécanicien lui avait concocté une machine à filtre et eau chaude.

Le rendez vous était à la tombée de la nuit quand il faisait encore bon.
Sur la terrasse en bois du ponton, là ou était basée l'équipe Flesh... au Pub Néo Taz.
Une musique gothique provenait de l’intérieur et se propageait un peu à l’extérieur. La café coulait tandis que Milo installait des semblants de tasses et cuillères.
Il attendait tranquillement l'homme tout en admirant les reflets des lanternes sur l'eau du port.

(Pam@)

- Hé l'gars c'est ici qu'on sert le café ?

Il y avait de quoi hésiter, réputation de chef guerrier, des dons d'apprenti marionnettiste et il retrouve le Milo en serveuse de bar. Le Fozzie vérifie du coin de l'oeil s'il n'a pas de tablier blanc sur chemisier noir, des fois que... Au moins il a toujours sa balafre reconnaissable, c'est donc bien le père de tête en bois.

- Chaud et sans sucre.

Il renifle pour vérifier que le breuvage est bien au programme. L'arôme le fait sourire.

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Le voila, à l'heure et de bonne humeur.

- Oui c'est ici.

Milosevik ramène une sorte de termo renforcé ou avait coulé le café. Le sucre accompagne ce privilège quand le Serbe lui montre une des chaises autour d'une table. Enfin une table... plutôt une planche clouée sur un tonneau... là ou étaient positionnées les tasses à café et les petites cuillères.

- C'est chaud... et tu ne mettras pas de sucre, à ta guise.

Jess en verse dans deux tasses et prend place.

- Assis toi Fozzie.
Parlons si tu veux bien...

Milo prend un sucre et le casse en deux. Il met la moitié dans sa tasse et commence à remuer.

- Tu sais...
Je ne pense pas que tu sois un criminel d'avant Crash et que l'on te recherche encore. Je ne vois pas pourquoi tu caches ton véritable nom.
Tu peux me le dire... non !?

Curieux pour ne pas changer... C'était plus fort que lui de savoir le vrai nom des survivants. Cette manie que tout le monde avait de se donner un surnom, souvent crétin, lui tapait sur le système. Bien qu'il était impatient de savoir le nom de Fozzie, il attendait de voir la tête de l'homme en goutant ce vrai café

Une tasse emplie du précieux breuvage entre les mains, Fozzie se remplit les narines et les poumons de la fumée qui s'en élève. Trop tôt pour une gorgée, il en est au moment où les pubs anciennes passent dans sa tête, Try to remember, What else, L'Ami du petit déjeuner (chercher l'erreur). Il en a déjà le goût à la bouche. Pour éviter une déception, il patiente encore.

- Point criminel, rien a caché. Mon nom je l'ai perdu quand j'ai endossé l'habit du personnage. Il n'y avait plus que "Invitez Fozzie chez vous pour la joie de vos enfants. Anniversaires. Fêtes d'école. Animations dans les supermarchés", inscrit sur les dépliants publicitaires. Aucun nom d'artiste. Plus d'artiste, disparu, volatilisé. Adieu l'homme, bonjour la peluche, Fozzie pour vous servir.

Il est temps de vérifier si le présent à le goût du passé. Il prend une gorgée et la savoure.

- Le nom de Fozzie ne te plait pas ? Alors, Ermolaï Alexéïevitch Lopakhine, Fernand de Bois d'Enghien, Don Diègue de Bivar, Cyrano de Bergerac, comme il te plaira de choisir. En échange de ce nectar, tu as le droit de me donner le nom qui te plait.

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Non... il esquive.
Milosevik boit encore une petite gorgée et s'enfonce un peu plus sur la chaise en osier défoncé.
Il hoche de la tête en regardant la tasse... satisfait du gout. Il relève les yeux sur l'homme marionnette.

- Hum...
Pas possible ça Fozzie. Tu n'es pas une marionnette. Je ne peux pas te choisir un nom sorti de ma volonté.
Rien que par exemple là... j'ai une zombie enfermée dans mes quartiers... on fait des expériences avec pour trouver un remède... pour moi elle est encore en vie et a un passé. Je ne peux pas lui trouver un nom qui n'est pas le sien même si elle ne parle pas.
Toi tu es en vie. On a fait un projet ensemble. Tu es là, on parle, tu prends le café avec moi. Me faut ton nom...

Trop tard, Milo lâche un large sourire. Plusieurs secondes même.
Il termine le jus de la petite tasse, la repose et sort une petite pochette. Il en sort des roulées. Il en prend une et se l’allume avec un des ses nombreux briquets récupérés aux ruines des différents voyages. Il tire une bouffée et fait signe de la main vers la table.

- Sers toi si tu en veux. C'est du bon tabac.
Tu veux vraiment pas ma dire le nom que tu avais avant Crash ?

Si Fozzie termine sa tasse, Jess servira à nouveau l'homme.

Le Serbe le fait rire. Fozzie n'éclate pas de rire comme un joyeux luron à une bonne blague et pourtant, "Me faut ton nom", son regard rit à ces paroles.

La tasse est maintenant vide. Le comédien refuse le tabac d'un signe de tête.

- Je suis sevré depuis longtemps et je préfère rester sur le goût du café.

Ses doigts passent dans sa barbe, suivent les contours de ses joues et redessinent sa bouche.

- Qu'est ce qui te fait croire que je ne suis pas un pantin ? Parce que tu ne vois pas de ficelles à mes poignets pour les agiter ? Les ficelles s'appellent nécessités de survie. Je leur cède dès qu'il faut décapiter un poisson, dès qu'il faut prendre une arme pour abattre un bâtard. Même les rêves appartiennent aux nécessités de survie, le sommeil ne t'en donne pas le choix. Je suis un mauribond que la vie a tiré au sort pour survivre, ça ne me donne pas un droit d'avoir un nom plus qu'un objet, ni moins d'ailleurs. Alors Fozzie, pourquoi pas Fozzie.

Plus de rire dans ses yeux mais pas de tristesse non plus, de la fatigue par contre oui, l'usure faite par le temps qui passe.

- Avant j'étais moins que ça. Les ficelles ne me tenaient même pas debout. La dernière fois qu'on a prononcé mon prénom, c'était accompagné d'un adieu et ce jour là j'ai même pas était capable de me lever pour l'empêcher. Fozzie, ça suffit amplement pour ce que je suis.

Le gars n'était pas très satisfait des tirades qu'il venait de déverser, trop minable pour être tragédien. Il plonge dans le café resservi par Milosevik pour en sortir un constat sur son comparse de scène.

- Tu accordes à ta zombie une vie alors que tu la dissèques en même temps. Tu es un gars étrange, l'ami. Ce monde est peuplé de gars étranges, t'en est un et de filles étranges, ta copine Nouanda en est une.

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Un hochement de tête pour faire comprendre que ça ne le dérange pas le refus.
Puis se rajouter des saloperies dans les poumons après toutes ses poussières radioactives faut être un peu maso.
Il lui fait par d'un peu plus de lui dans le passé. Une façon de voir les choses pour son cas qui n'était pas à envier.
Quel contraste avec lui quand même...
Allait il lui parler que le Crash l'avait sauvé d'une exécution ?
Non... ça assombrirait le tableau.
Il se contente de dire lentement:

- Ouais... c'est une façon de voir Fozzie.
On pourrait dire que j'ai aussi des ficelles moi... à faire des choix et des actions pour la survie de mon équipe.
Rien qu'en pensant toutes les fois ou j'ai tendu une main à ceux que j'ai croisé... des ficelles, encore des ficelles.
Et quand je pense à ce que ça a donné je me demande si j'aurais dut.

En vient à la contaminée et Nouanda. Jess enchaine directement après en parlant un peu plus vite.

- Hum...
On ne fait pas d’expérience dessus. Ni de charcutage. On lui fait juste des prélèvements.
Pour t'expliquer en gros c'est une jeune femme qui a succombé à une blessure dans une base en montagne plus au Nord. Ils lui ont fait repartir le cœur avec un produit un peu spécial. Ce produit est surement un remède contre ce putain de virus qui flotte dans l'air et qu'on respire tous. C'est dans son sang... plus précisément à prélever dans la moelle-épinière. Je ne sais même pas si elle pense mais dans tous les cas on se doit de le faire.
Nouanda...
Oui, elle a eu un passé pire que cette Zombie même. Elle est pas loin.

Milo se tourne sur sa chaise et appelle assez fort pour qu'elle entende sous la musique dans le baraquement.

- NOUANDA !
Nouanda... Viens boire une goute de café si tu veux.
Il y a Fozzie là.

Nouanda n'est guère loin, comme souvent quand le Serbe est dans les parages. Elle joue avec Taz dans leur piaule, le cul posé par terre, à se "battre" avec la bête. Etonnant comme il sait quand il s'agit de jouer ou d'attaquer, sa mâchoire ne la serre jamais, et si elle porte une légère égratignure sur son bras dénudé, c'est parce qu'une griffe malheureuse s'est accrochée sans que l'animal ne l'ait voulu. Une bonne entente règne entre eux et la brune en est heureuse.

Quand la voix de son homme retentit, elle sourit, ébouriffe le poil d'El Chupa Cabra qui n'en a guère besoin et noue son foulard autour de son cou, geste devenu réflexe, pour masquer le tatouage que sa meilleure ennemie a fait en sorte de lui offrir. L'odeur du café la saisit quand elle arrive près d'eux. Elle connait cette odeur, chaque matin elle la humait dans le complexe duquel elle est issue. Elle n'y avait jamais eu droit, ils préféraient la gaver de protéines plutôt que l'exciter d'avantage, croyant, à bon escient, qu'une dose d'énergie supplémentaire serait de trop.

Elle marque un léger arrêt en apercevant le marionnettiste, se souvenant que leur dernière rencontre s'était soldée par un putain de mal être de sa part, voire une crise, même s'il n'en a pas été totalement témoin. Elle lui sourit toutefois, car elle a apprécié les moments passés en sa compagnie. D'ailleurs, même si elle aurait sans doute préféré ignorer sa nature, c'est grâce à lui qu'elle a su que Third était le nom de sa squatteuse de crâne.

- 'Soir !

C'est tout ce qu'elle dit, elle vient s'installer près du Serbe, se servant une demie tasse de café. C'est qu'elle n'en a jamais goûté, faudrait pas faire comme avec l'alcool la première fois et gaspiller ! L'idée d'y mettre du sucre ne la traverse pas, ces petits carrés blancs, elle y a déjà goûté, et, contrairement à l'alcool, elle n'y a pas pris goût du tout. La tasse sous le nez, n'ayant pas encore osé boire, se contentant pour l'instant de savourer l'odeur qui lui rappelle les rares bons moments qu'elle a vécus dans son enfance.

- Comment va Barbara ?

- Et bien mon gars tu es encore plus utopiste que moi si tu penses réussir dans le rôle de l'apprenti sorcier qui ramène les baveux à la vie dans les taudis qu'on est capable de construire ici. Il te faut un hopital, que dis-je un laboratoire d'analyse, un matos et une équipe de toubibs conséquents. Je te souhaite beaucoup de courage et de la persévérance, c'est le minimum. Une persistance de ton ancienne vie, cette passion des malades ?

Nouanda les rejoint, Fozzie la salue d'un signe de tête. Il observe ses moindres gestes, à se demander quelle part de Third est active à cet instant.

- Barbara va bien, elle a de nouveaux amis. Je vais manquer de mains pour animer tout ce petit monde. Je vais lancer un nouveau projet, théâtre d'ombre. C'est autre chose que les marionnettes, l'investissement personnel est très différent. Et toi, tu vas bien ?