Grosse beuverie à Port Destinée

Assis sur son fauteuil en bois de palmier, un casque fiché sur les oreilles, Franck Dubogoss piquait un petit roupillon dans la capitainerie. Il s'agissait d'un bâtiment construit en terre cuite et renforcé en bambou dont la fonction était principalement de communiquer avec les groupes extérieurs. Elles regorgeait d'anciens postes de radio pré-cash assemblés en un réseau compliqué de fil et de combinés qui pendaient à divers endroits. Une cacophonie de bruits en tout genre emplissait la salle: un bouton clignotait parfois avec assiduité répétant la même sonorité encore et encore, tandis qu'un émetteur se mettait en marche et vrombissait doucement. A part cette ambiance acoustique auquel il s'était fait à longue, rien ne venait troubler le sommeil du bellâtre. Vu l'heure tardive, on ne pouvait pas lui en vouloir, qui le contacterait de si bon matin?

Mais, c'était sans compter les petites intrigues militaires que ces andouilles de stratèges avaient planifiées. Ainsi, dans la pénombre ambiante, la pièce fut subitement illuminée par une panoplie de boutons multicolores dont chaque clignotement était accompagné d’une sonnerie stridente. Réveillé en plein sommeil, Franck fit un bond sur sa chaise. Il passa sa main dans ses cheveux et étouffa un bâillement en s’étirant. Au bout d’un moment, l’homme ouvrit un œil, fixant du regard le combiné qui se mettait à vibrer.

*Bruit d'un combiné qu'on décroche*

-Moui...l'inestimable Franck Dubogoss, messager du bonheur, représentation idyllique du partenaire parfait aux yeux des femmes, j'écoute ?
-Bli bli riblibli bliiiii blibli ribliblibli biiiibliii blibliblibli blibli !
-Hum...exprime toi plus lentement je te pris, petit gars.
(même charabia incompréhensible au bout du fil)
-Traducteur, s'il vous plait ?!

De l'autre côté du fil, une nouvelle voix se fit entendre:

-Bonjour, vous ne raconterez pas de mensonges j'espère...
-Des mensonges? Franck n'a nul besoin d'altérer la réalité, tout ce qu'il fait n'a aucune nécessité d'être caché ou transformé. Mais…à qui ai-je l'honneur?
-Kensha, nous nous sommes croisés à Port Destinée. Peut avant le départ des exilés.
-Hmmmm...oui, il voit de qui tu parle. Quel est donc le motif de cet appel ?

Au bout d'une minute, l'homme notait rapidement les nouvelles que son interlocuteur lui transmettait, visiblement avec beaucoup d'enthousiasme. Franck, à son tour était pris d'une certaine hystérie et les grésillements de la radio devenaient de plus en plus inaudible comme pour renforcer le caractère confidentiel de la chose.

Vous me dites que vous êtes avec la chose pleine de dents qui assistait le vieux capitaine barbu ? Gilberto, vous dites? Celui-là même qui nous a faussé compagnie avec plusieurs autres figures importante de la ville tel que Narko Pratt et le Capitaine Barbecrade ? Il est bien mort, c'est certain ? La créature qui vous accompagne a uriné sur son cadavre pour en être sûr ? Vous l'avez même bouffé pour semer le moindre doute, vous dites? Mais c'est merveilleux....enfin, je veux dire, que son âme trouve le repos éternel...oh et puis merde, c'est incroyable, inouïe, inimaginable ! Si ton ami n'avait pas d'aussi grandes dents et une haleine de moule morte je serais presque tenté de vous envoyer un de mes inestimables baisers à travers le combiné ! Ces foutus lâcheurs auront connu le courroux de Franck Dubogoss ! Pardon ? Oui, bien sûr que vous y êtes pour quelques chose : la folie meurtrière de Franck se transmet à autrui afin de perpétrer sa vengeance. Et...que dis-tu ? Vous lui avez piqué des plantes médicinales et un chameau avant de l'étriper ? Mais c'est magnifique ! On édifiera une statue à votre gloire, petite taupe albinos et étrange personnage ! Légèrement plus petite que la mienne c'est évident...Mais, au fait, une question me vient à l'esprit...pourquoi avez vous décidé de subitement vous allier aux fomoires ? Cela concerne ton compagnon à grandes dents?

Le diplomate de la cité changea de ton et articula chaque mot en espérant qu'il pourra mieux se faire comprendre du bli. Plongé dans une attention extrême, l'homme parut un moment mal à l'aise et il s'installa un silence prolongé ponctué de raclement de la gorge. (nda: les cris caractéristiques de notre mascotte adorée ont été coupés dans un soucis de compréhension)

Pardon, tu pourrais répéter, petite taupe blanche ? Il me semble que j'ai mal compris....(déglutissement). Hum...(toussotements)...tu es...amoureux de la petite fille? (Franck manqua de s'étouffer) Bien sûr, tu fais comme tu le sens vieux. Oui, bien sûr que j'espère que ça marchera entre vous. Tu sais, la gamine, c'est un sacré numéro, c'est sûr !

Franck avait réussit à dégotter un tonneau de rhum de dessous d'un vieux cageot miteux et se l'enfila aussi bien pour fêter l'évènement que pour faire passer la dernière révélation du bli. Le ton de sa voix changeait petit à petit.

Oui, elle a du caractère et elle a surtout le goût du risque. 'Pis quand il faut étriper quelqu'un c'est pas la dernière pour se le farcir c'est moi qui te le dis ! Tu la verrais, l'adorable petite, sautant sur son ennemi, babines retroussés et jupe relevé (le bli fit un petit couinement caractéristique), les yeux rayonnants de plaisir. C'est sûr, ça fait plaisir à voir à son âge qu'on s'amuse avec un rien. Tu lui lâche un glandouilleur, sur lequel tu lui tire un peu des flèches dans l'cul pour lui montrer que c'est pas d'la rigolade et la voilà occupée pendant des heures ! Quoi ?! Si je pense qu'elle voudrait bien chasser les voyageurs avec toi et leur pisser dessus pour leur montrer qui c'est qui fait la loi? Bah...pour la première partie pourquoi pas, mais après....Mais attend, t'as pensé à la suite, vous allez faire quoi à deux? Créer une meute et conquérir le monde? Ah, ouais, c'est un projet ambitieux...Mais vos enfant tu pense qu'ils seront comment ? De grandes dents, des poils partout et portant la jupe et les nattes ? Hum...oui, excuse moi, je vais un peu trop loin là.

Franck regarda en louchant l’énorme barrique de rhum qui trainait sur le sol.

Quoi ? Saloperie ! Déjà vide ? Mais ça se boit comme du petit lait ça? Bien sûr l'incroyable performance du système digestif de Franck y est pour quelque chose, mais tout de même. Allons bon, qu'est c'tu m'disais, la bestiole ? Que j'devenais un peu trop familier ? Allons qu'est 'ce tu m'chante là, l'ami ! Toi, moi et ton copain kensha, on est les premiers à partager cet heureux évènement, alors forcément ça rapproche, hein ?! Mais...attends deux secondes...merde alors...faudrait 'ptet que j'avertisse les autres moi ! Oui...blibliriiblibli à toi aussi. Que ta famille prospère en prospérité, que ta descendance soit nombreuse et pleines de petites dents affutées...euh que ton trajet jusqu'à nous soit paisible...et...et..et surtout essaye de pas trop bouffer le chameau !

Il raccrocha précipitamment le combiné et se leva de sa chaise, manquant de la renverser au passage. Une foule de choses en tout genre lui passait par la tête et ça lui faisait un mal de chien. On aurait dit qu'une multitude de petites abeilles lui traversaient le crâne de part en part, tambourinant comme des damnés sur ses tempes, dans ses oreilles ou à l'intérieur des globes oculaires. Cette sensation était très désagréable, Franck avait d'habitude les idées claires....enfin ce n'était pas vraiment une façon de parler: d'ordinaire il n'y avait pas foule aux tréfonds des méninges du bellâtre, les idées passaient par une oreille, circulaient par le bas de son pantalon et ressortaient par l'autre oreille. Son cervelet n'était pas préparé à gérer toute une foule de questions nouvelles, tel que:

Pourquoi est ce qu'on s'ennuie à marcher debout ? Les gens devraient sautiller sur la tête ce serait plus marrant (silence emplit de réflexion) Moi, si jamais je parlerai comme une taupe albinos, ça m'fera un avantage tactique et alors...je deviendrais le chef de leur clan ! (nouveau silence) Et je serais bon avec mes sujets (l'homme prit un air mauvais tout en se frottant les mains)..au début, bien sûr...une fois qu'un certain climat de confiance sera instauré, j'ordonnerai à mes sujets de rebondir sur le crâne toute la journée et ils devront agiter leurs petites pattes ambulatoire pour me parler. Heu...c'est sencé faire mal des pattes amab....abanlu...amalutatoires?

Perdu dans ses pensées, Franck étouffa un hoquet et tourna la poignée de la porte. Il positionna ces mains en porte-voix et se mit à crier dehors autant qu'il pouvait, sans se soucier des habitants qui dormaient.

Hé...hé...hé...les horribles ! j'ai un truc à vous dire...ouais ouvrez bien grand tous vos orifices : Gilberto, ce pauvre couillon...bah le bli et kensha il l'ont buté !

L’appolon sentit que ses jambes se dérober sous son poids. Il s'emmêla les pieds et trébucha de tout son long sur le sol poussiéreux. Le visage fiché dans la terre, l'homme remua légèrement les jambes en un dernier geste désespéré pour se remettre debout, puis sentant que ce n'était plus la peine, il les laissa retomber mollement par terre et se mit à ronfler comme une locomotive.



Yvy entendit ce que Franck venait de brailler et elle en était folle de joie. Mais elle restait perplexe sur une chose... Qu'arrivait-il donc à Franck ? Elle décida d'aller le voir.

-Franck... Franck tu m'entends, tu vas bien ?

Yvy sentit les relents d'alcools qui s'évacuer, elle cria donc.

-Franck, réveilles toi bon sang.

Toujours pas de réaction, la jeune fille prit donc les grands moyens. Elle gifla l'infortuné Franck de toute ses forces, il en gardera la marque plusieurs jours mais cela avait le mérite de le faire revenir à lui.

-Mmmmmh, oui quoi? Que veut-tu au grand Franck péronnelle ?

Yvy se retient de le gifler une deuxième fois, car elle savait qu'il ne supportait pas l'alcool.

-Donnes nous des détails. Non attends ! Je crois que je vais plutôt essayer de te dessaoulé et tu nous donnera de plus ample explications quand tu reprendras tes esprits.

Et pour la première fois depuis que la jeune fille l'avait rencontrer, elle aida Franck. Elle se sentait un peu émue de retrouver un compagnon car depuis leur arrivée elle ne l'avait pas beaucoup, enfin c'est ce qu'elle essayait de se persuader.

Le capitaine kidd se réveilla, comme à son habitude, il sortit de la petite tente en toile de jute, pris son unique vêtement, son slip, sur un fil qui pendouillait jusqu'à un arbre et l'enfila.
Il étendit les bras en l'air, faisant craqué quelques cotes, et bailla comme un ogre dans toute la vallée.
Nombre d'animaux prirent la fuite sur ce son quelque peu surnaturelle.

Kidd jaugea la température en mouillant son annulaire. (Mais avec quoi donc le mouilla t'il ?)
Il faisait aux alentours de 9° de bon matin, assez chaud pour le capitaine qui hésita à voyager avec ou sans son slip...
Il le gardit en fin de compte, se disant qu'il ferait peur aux petites gazelles susceptible d'être chassées cette fois ci pour leur viande plutôt que pour leur libido, plusieurs troupeaux en avaient fait les frais précédemment.

Faisant son paquetage, il repris la route, bien décidé à arrivé au Port avant le repas de midi, il mis les bouchées doubles, et parcourus donc les 15 derniers kilomètres en une petite heure...

La radio en bandoulière sur son flanc gauche, toujours allumée, avec l'antenne qui lui rentrait de temps à autres dans les cotes au détour d'un chemin tortueux.
Il était branché sur les ondes de la communauté, cryptées par la puissance de Franck Dubogoss, chose qu'il s'était promis de comprendre un jour.

Lors de sa route, Kidd entendit de bon matin la transmission entre le diplomate et les deux gais lurons.
L'échange était quelque peu incompréhensible sans les appareils de traduction dont disposait la capitainerie.
Il se résigna donc a zapper la suite et éteignit la radio pour voyager sans des "birlibi...bliii...lillibli" incessants...

Arrivé à la hauteur des portes de la villes, immense arche de bois, avec de chaque bord, les tranchées et les emplacement tamisés, près a accueillir les murs de pieux et les prochains miradors.
Le soleil se levait à peine, Kidd avanca d'un pas léger dans la bourgade, pour ne pas réveiller la plupart des gens, ce dirigeait vers le hall central, histoire de décharger son packtage.
C'était sans comptez l'intervention de Franck qui réussit a faire quelques pas et aligner une phrase avant de s'affaler sur le sol.

Yvy qui logeait non loin, accourus à son secours, essayant de comprendre comme Kidd l'agitation naissante qu'avait créer le diplomate dans la capitainerie.
Le giflant et ce posant sur son... flanc droit !
Elle commença une drôle de parade que Kidd ne comprenait pas, la jeune femme le séduisait t'il, était ce une de ces pratiques occidentales, venant d'une contrée très isolée autrefois appelez le "Mort bi Yan", qu'on appelait le sadomasochisme ??
Le Capitaine Kidd ne voulut pas s'immerger sans le consentement des deux amants dans cette relation qui avait l'air de commencer allégrement bien pour eux.
Il continua son chemin pour rentrer discrètement dans le hall central et manger un petit morceau de viande cuite bien méritée.



Malgré l'heure avancée, l'asiatique, assis en tailleur à même le sol près d'une table basse, était plongé dans un monticule de papiers bardés de notes totalement illisibles exceptées par Zemin... La situation de la jeune communauté se stabilisait, déjà nombre de personnes dans le désert s'interrogeaient à son sujet. Et cela ne rendait pas l'affaire plus facile à gérer.

Heureusement, il était appuyé par des hommes de grande qualité, Franck, qui malgré ses élans mégalos, n'est pas moins dénué de qualités diplomatiques fort appréciées du chinois. Marcel, l'inestimable et honorable comptable qui débarrassait Zemin de la mise en place régulière du plan de lune, encore un lourd poids en moins. Et enfin, capitaine Kidd par ses multiples connaissances et services.

Malgré cela, la tâche restait lourde et le soleil commençait à poindre lorsque l'asiatique se décida à lâcher ses notes et à prendre un repos bien mérité.

C'est à ce moment là qu'il entendit le diplomate de la ville sortir de son baraquement, et hurler, la voix visiblement enrouée par l'alcool, la réussite du plan ourdi par ses soins. L'opération lémurien.

A l'habitude peu démonstratif, Zemin sauta hors de sa tente, un large sourire aux lèvres prêt à prendre son diplomate dans ses bras, lui qui ramenait de si bonnes nouvelles. Mais à sa grande surprise, en l'espace de quelques secondes, celui avait chuté, et ronflait au sol. Pire dans ce cours laps de temps, Yvy avait bondit hors de sa propre tente et se trouvait déjà à califourchon sur le corps inerte de Dubogoss tentant de la ranimer.

Il n'en fallait pas plus pour mettre le feu à une ville pirate, certains habitants avaient réagi plus que vite à la nouvelle, heureux de savoir que les exilés, narco Pratt and Cie, se trouvaient maintenant dans une situation délicate privés de deux de leurs membres et de précieuses réserves. La fête pouvait commencer.

La situation semblait rapidement prendre la tournure d'une beuverie générale et l'asiatique abandonna son récent sourire pour son habituel visage fermé et ton glacial. Il décida de faire le tour et de remettre de l'ordre dans les rangs. Ce n'est pas parce qu'on est une ville pirate que tout évènement festif doit toujours débordé. Il s'approcha donc de son diplomate.


Franck, éminent représentant de notre communauté, est ce donc une manière de se comporter devant les habitants? Terrassé à même le sol par l'alcool dans un état de semi conscience!!!

Les claques bien senties d'Yvy avaient redonné au mégalo un semblant de conscience, cependant, la quantité d'alcool ingéré sur un trop court laps de temps l'empêchèrent de béguailler autre chose qu'une sorte de râle rauque... Suivi d'une large marre de gerbe...

L'asiatique saisit alors Franck par le bras et le trainât jusque dans ses quartiers, totalement inerte, le laissant sur le flanc afin qu'il ne s'étouffe pas avec ses propres relents, s'il lui restait quoi que ce soit à déglutir... Enfin, se dit-il, au moins un minimum d'habitants l'avaient vu dans cet état, l'honneur est sauf.

Il reprit donc son tour de communauté tentant de maintenir un semblant d'ordre un peu partout, criant et vociférant sur tous ceux qui semblaient déjà en passe de rejoindre l'esprit de Franck là ou il était, loin, très loin.

Vous! Redressez vous, tenez vous au moins convenablement et tentez de ne pas vomir en pleine place principale!

Toi, là bas, ici c'est les réserves de la communauté, tu ne souhaites pas savoir ce qui se passerai si je te trouvais comateux dans les réserves de nourriture, souillé de tes propres excréments, gâchant au passage l'effort de nos chasseurs, n'est ce pas?

TOI!!!!!!!! Attention!

L'asiatique s'élança et eut à peine le temps de rattraper un des habitants affalé sur le puits, en pleine perte d'équilibre, ce qui aurait pu lui être fatal.

Un nouveau tour d'horizon et quelques péripéties plus tard, il lui sembla que la communauté avait retrouvé un peu de calme... La seule personne qu'il n'avait pas croisé était Marcel... Étrange, peut être avait-il le sommeil très lourd ou bien dormait-il alcoolisé dans un recoin? Enfin, il méritait bien de se relaxer si tel était le cas.

Épuisé, Zemin repartit vers sa tente et s'étendit de tout son long dans son hamac, une petite sieste d'une ou deux heures ne pouvait pas lui faire de mal.