232 - Pour ceux qui sont tombés (RP ouvert à tous)

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

Encore une journée de calme dans la ville de Santa Mierda...

La neige semble avoir voulu s'inviter dans ces lieux. Les marais comme les forêts se sont tapissés de blanc, et les eaux ont commencé à geler. Un léger vent caresse la peau mâte de la jeune kurde, et apporte avec lui un message paisible. Bien loin de l'orage qui avait frappé il y a peu.

Tant que les canons se sont tus et que le repos leur est accordé, Selena en profite pour entreprendre ce à quoi elle pense depuis quelques jours maintenant. Elle descend donc du mirador. Ses côtes sont moins douloureuses désormais. Il semble que le corps se répare petit à petit. Luna n'est pas avec elle. Elle dort sûrement quelque part, où alors la blancheur du paysage la dissimule à merveille. Elle sera heureuse de pouvoir chasser avec aisance, sans aucun doute.

Dans un coin reculé mais non dissimulé lui par contre, Selena tâche de rallumer un feu maigrement entretenu. Difficile avec ce temps... néanmoins elle y parvient au bout de quelques minutes. Elle s'arrange pour que le feu soit le plus vif possible, et vient s'agenouiller non loin de lui, sur une peau de bête qu'elle portait sur son dos jusqu'alors.

D'abord elle ne dit rien.

Elle respire profondément et semble presque méditer. Au fond elle tente de réunir des souvenirs... elle tente de capter les âmes errantes de ceux qui sont encore ici bas et qui ne trouvent pas la paix. Il y a tant d'âmes tourmentées durant les guerres... elle n'en a que trop vu.

Quand la méditation s'achève, sa main vient caresser la neige dans laquelle elle dessine des choses... des symboles... des noms dans une langue étrangère...
Et elle se met à murmurer...

"להגן עלי מפני שנאת גברים"

A ces mots, elle pose ses mains sur son coeur et semble presque s'adresser aux flammes. Appréciant la chaleur qui caresse sa peau.
Et puis vient un autre murmure après un autre dessin.

"מגן על מתינו"

Maintenant elle se penche en avant comme si elle implorait quelque chose avec modestie.
Elle murmure un peu plus bas d'une voix paisible.

"תן להם לשלום הנצחי"

Et ses pensées vont d'abord à ceux qu'elle a bien connu. Son mentor... le sergent Beaumont... Eline Johansen... Rob Steiner...ainsi que d'autres Vegasiens et d'anciens membres de la Mascarade.
Ceux qu'elle a peut-être moins connu... Ali ... les travailleurs de Caldeira... la petite Chibi et les autres membres de la caravane bleue... ceux qui sont tombés dans le nord... la jeune Dezba et les siens...
Ses pensées vont mêmes trouver les victimes Shangri-Laise. Elle ne garde aucune haine envers eux... là dedans, il ne s'agit que d'hommes et de femmes qui ne se comprennent pas ou ne veulent pas se comprendre... et la jeune kurde aimerait pouvoir apaiser les coeurs de tous ceux qui sont encore capables de les pleurer sans haïr encore plus. Bien sûr il y a des morts nécessaires. Mais elles doivent se faire dans le respect de l'autre pour ramener l'équilibre le plus paisible possible.
Cette guerre aura fait beaucoup de morts évitables à cause de la haine aveugle. Alors aujourd'hui Selena doit beaucoup prier pour les aider à traverser le pont de la maison des chants... eux... et tous ceux qu'elle a oublié. Eux et l'histoire qui était la leur...

"לנגב את הדמעות של מי להתאבל"

Une dernière demande et un dernier dessin pour ceux qui sont encore là... perdus comme elle.

Lentement elle se redresse, un sourire au coin des lèvres, un sourire de joie, puisque tout se passera bien pour eux, elle en est persuadée.
Elle tourne la tête vers son sac et sort la flûte que Myl avait faite à New Vegas et lui avait donné avant son départ. Le seul instrument qu'elle pouvait se permettre de transporter...

Elle tient à clore tout ceci en leur jouant quelque chose... pour les accompagner vers la dernière demeure... et qu'ils aient une musique sur laquelle chanter.

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Matelot Messages : 3 Date d'inscription : 04/09/2011

Zlurk se trouvait à proximité et entendit les paroles de la Kurde. Il s'assoit à coté d'elle et semble perdu dans ses pensés.

Aprés quelques instant il se met à réciter :

יִתְגַדַל וְיִתְקַדַשׁ שְמֵהּ רַבָא.
בְעָלְמָא דִי בְרָא כִרְעוּתֵהּ
וְיַמְלִיךְ מַלְכוּתֵהּ
וְיַצְמַח פֻרְקָנֵהּ וִיקָרֵב מְשִיחֵהּ
בְחַיֵיכוֹן וּבְיוֹמֵיכוֹן
וּבְחַיֵי דְכָל בֵית יִשְרָאֵל
בַעֲגָלָא וּבִזְמַן קָרִיב. וְאִמְרוּ אָמֵן
יְהֵא שְמֵהּ רַבָא מְבָרַךְ
לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָא
יִתְבָרַךְ וְיִשְתַבַח וְיִתְפָאַר וְיִתְרוֹמַם
וְיִתְנַשֵא וְיִתְהַדָר וְיִתְעַלֶה וְיִתְהַלָל
שְמֵהּ דְקֻדְשָא בְרִיךְ הוּא.
לְעֵלָא (וּלְעֵלָא מִכָל) מִן כָל בִרְכָתָא
וְשִירָתָא תֻשבְחָתָא וְנֶחֱמָתָא
דַאֲמִירָן בְעָלְמָא. וְאִמְרוּ אָמֵן
תִתְקַבֵל צְלוֹתְהוֹן וּבָעוּתְהוֹן
דְכָל בֵית יִשְרָאֵל
קֳדָם אֲבוּהוֹן דִי בִשְמַיָא וְאִמְרוּ אָמֵן
יְהֵא שְׁלָמָה רבָּא מִן שְׁמַיָּא,
[וְ]חַיִּים [טוֹבִים]
וְשָבָע וִישׁוּעָה וְנֶחָמָה וְשֵׁיזָבָה
וּרְפוּאָה וּגְאֻלָּה וּסְלִיחָה וְכַפָּרָה,
וְרֵוַח וְהַצָּלָה
לָנוּ וּלְכָל עַמּוֹ יִשְרָאֵל וְאִמְרוּ אָמֵן.
עוֹשֶה שָׁלוֹם בִּמְרוֹמָיו,
הוּא [בְּרַחֲמָיו] יַעֲשֶֹה שָׁלוֹם עָלֵינוּ,
וְעַל כָּל [עַמּוֹ] יִשְרָאֵל וְאִמְרוּ אָמֵן.

Certain passage du Kaddish semble plus répété de manière phonétique que comprise.

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

Alors qu'elle joue, il semble que Zlurk veuille se joindre au recueillement. Un homme qui peine à ressentir la moindre émotion. Ce n'est pas forcément lui qu'elle s'attendait à voir en premier. Alors que la mélodie s'achève, elle adresse un sourire à l'homme, qui semble déjà perdu dans ses pensées.
Selena regarde les flammes à nouveaux et imagine toutes ces âmes s'envoler vers les terres immortelles quand Zlurk, prononce les premiers mots d'une prière qu'elle reconnaît. C'est le Kaddish de la religion juive.

Elle ne dit pas un mot. Elle sait que lorsque le Kaddish est récité en l'honneur des morts, il ne faut surtout pas l'interrompre. Sous peine de s'attirer quelques malédictions.
Alors elle se contente d'écouter l'homme, honorer les morts à son tour.

Tout près de là, une silhouette vêtue de noir est posée, le cul vissé sur un rocher et ne perd pas une miette de la scène. Une légère brise lui a mené les mots de la Kurde la ramenant au passé proche, source de cet exode à Santa Mierda. Le tapis immaculé miroite sous les flammes, Nada tire, voulant comme chaque fois, s'approcher de cet être étrange fait de chaleur et de lumière, intéressée, apeurée également. La brune se lève silencieusement, laissant la jeune lynx la guider vers les deux silhouettes en prière. Enfin, la guider... Trois pas en avant, deux en arrière pour se réfugier dans les jambes de sa maitresse, et rebelote. L'asiatique a d'ores et déjà prit le pli d'une démarche étrange destinée à éviter d'écraser la boule de poils capricieuse.

Les mots de Sélena, dont Nouanda ignore d'ailleurs le nom, résonnent en son esprit. Elle voudrait la remercier pour eux, sourire, peut être, ou pas, elle ne sait pas trop mais ses pas l'amènent au devant du feu. La musique a cessé depuis longtemps maintenant, la prière de l'homme s'éteint dans la fraicheur nocturne et Nouanda arrive.

Elle goûte un peu le silence uniquement troublé par le crépitement des flammes, s'interrogeant à peine sur la prière entendue. Elle a bien compris les mots et s'imagine que ça a un rapport avec les croyances dont lui a parlé le Serbe. Pour l'heure, elle s'en fiche, ça ne la regarde pas, tout ce qui l'intéresse c'est qu'ils songent à honorer les morts.

Sans s'en rendre compte vraiment, elle leur répond dans la langue dont ils usent depuis tout à l'heure, et tandis que Nada s'approche du feu pour mieux s'en éloigner, elle sourit, à travers des larmes sereines.

למה למחוק?
אל לנו לשכוח ...

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

A la fin de la prière de l'homme Selena se sent en paix. Ils ne partagent pas les mêmes croyances, mais parlent la même langue d'humanité. Celle qui vient du coeur. La jeune kurde s'était rapprochée de la religion de sa mère et l'avait exprimée avec le langage de son père. Elle sourit doucement à l'attention de Zlurk, déposant une main sur son épaule comme pour le remercier d'avoir fait ça avec elle, et puis elle se lève avec lenteur, détachant son regard des flammes et regardant l'horizon à perte de vue... le ciel... écoutant le silence... se rappelant qu'elle est libre et que quoi qu'on en dise, elle... elle la trouve belle cette vie. Elle regrette juste que si peu de monde sache l'apprécier et la respecter.

Et puis une voix féminine vient la tirer de ses songes. Une voix qu'elle ne connait pas, mais qui semble s'exprimer en hébreu. A ses paroles, Selena se doute qu'elle est là depuis un moment. Elle se retourne donc et donc face à une jeune femme aux traits asiatiques, et inconnue jusqu'alors. Des larmes coulent sur ses jours mais elle sourit. Elle se dit peut-être que sa prière commence déjà à faire son effet.

Pour faire une brève description physique, Selena est une jeune trentenaire à la peau mâte, aux yeux bleus, au corps très féminin et réellement entretenu. Ses cheveux sont noirs profonds et une grande mèche blanche trône sur la partie gauche de son crâne. Habituellement vêtue de robe noires serrées, actuellement elle est vêtue de vêtements un peu plus larges rappelant des peaux de bêtes. Elle a décidé de délaisser le noir pour quelques temps.

Elle fait quelques pas en direction de Nouanda, et ne perd rien de son sourire calme en la regardant. Elle parle doucement.

"Non... nous ne les oublierons pas... jamais..."

Elle remarque l'animal entre ces jambes et tâche de ne pas faire de geste brusque qui pourrait l'effrayer.

"Ca va aller maintenant..."

Selena tend une main vers le feu comme une invitation à se joindre à eux.

"ברוך הבא לך... je m'appelle Selena... je marche avec les guerriers de la Marabunta..."

Les larmes ne tarissent pas, et pourtant elle est sereine, réellement. Trop de gens à pleurer pour les sécher maintenant, trop de vies écourtées pour être réellement heureuse à ce moment précis, trop d'émotions, dernièrement, de peur qui ne demande qu'à sortir. Aujourd'hui, à cet instant précis, elle se sent plus humaine que jamais, le visage trempé du sel de ce qu'elle cache d'ordinaire.

Vie étrange que la sienne, l'avant Crash, pour elle, se résume à un complexe souterrain, une vie cloisonnée, brimée, une vie d'apprentissages qui ne servent qu'à donner la mort ou augmenter sa souffrance. Souffrance qu'elle appelait de tous ses voeux, puisqu'elle ne connaissait que cela.

Une fois sortie, elle a appris à vivre avec les hommes, avec un homme, surtout, à s'attacher, Elle a appris à vivre tout court. L'après Crash a été une renaissance, de nouveaux horizons. Nul regret de l'avant, nulle souffrance du manque d'un passé honni.Encore bien des choses à apprendre, elle le sait. Cela viendra. Elle l'espère.

Le geste de la dénommée Sélena ne lui échappe pas, elle avance donc jusqu'au devant des flammes, la bestiole curieuse se planque à nouveau derrière ses jambes, fascinée par le feu qui danse sous leurs yeux. Le regard de Nouanda s'y perd tandis qu'elle répond à la kurde, reprenant sans s'en rendre compte la langue universelle, celle que tous utilisent pour se comprendre.

- Nouanda... Flesh & Blood.

De chair et de sang, ce qu'ils sont, ce qu'elle est. Humaine ? Presque... Physiquement du moins. Mentalement... tout à fait.

Matelot Messages : 31 Date d'inscription : 05/02/2012

Non loin de là, activités on ne peut plus différentes : récolte de plantes (ou plutôt gardiennage d'aveugle).

Certains pensent tout naturellement qu'une personne atteinte d'un tel handicap s’attèlerait à une activité pour laquelle elle est "physiquement apte", mais bien sur ce n'est pas le cas de Emi Louise qui trouve toujours les idées les plus bizarres possibles. "Récolter les dernières plantes avant le gèle !"
Effectivement il fallait le faire, mais de là à faire cela en tâtonnant, reniflant voir goûtant, surtout que bien sur il fallait prendre celles en lisière de communauté, là où personne n'avait encore piétiné !
Et ce n'est certainement pas le Norvégien qu'elle a prié de lui servir de guide qui va l'aider au vue de ses connaissances plus que réduite en horticulture.

*Non sérieusement, elle est sympa l'aveugle, mais elle a vraiment des idées à la cons !*

C'est un peu dans cet état d'esprit que le nordique laisse son regard glisser sur les environs proches jusqu'à ce qu'il tombe sur Selena agenouillée devant un feu, Zlurk à ses cotés et rapidement une femme qu'il ne connaissait pas vient les rejoindre.

Tu veux pas faire une pause avant que tes doigts ne gèlent ? Selena et Zlurk ont allumé un feu pas loin.

Excuse bidon certes, mais lui commençait vraiment à en avoir marre de surveiller que la Vegassienne ne finisse pas dans un tas de ronces.

Matelot Messages : 87 Date d'inscription : 15/03/2011

Elle se relève quand Aïlo parle de faire une pause. Elle a de la boue jusqu'aux genoux à force de se mettre au niveau des plantes, sur les mains et sur le visage.
Elle range ses dernières trouvailles dans un sac de toile, et accueille ce prétexte avec un sourire douloureux à cause des bleus qui colorent sa peau.

"D'accord. C'est vrai qu'il commence vraiment à faire froid."

Elle sort un torchon de même sac et commence à s'essuyer les mains, tout en suivant le bruit de pas de Aïlo.

"J'espère bien que nous allons les déranger !" dit-elle avec malice, bien loin d'imaginer qu'ils rendent hommage à leurs morts.

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

Pour Selena, le crash n'a été que le début d'une longue renaissance qui s'est achevée il y a peu. L'ancien monde, elle sera bien la dernière à le regretter. Pour sa part, elle a toujours préféré le nouveau monde.

La jeune femme se présente tandis que Selena retourne s'agenouiller près du feu non loin de Zlurk.

"Je vois... tu devais bien connaître Kristen alors...

Je l'avais rencontrée à New Vegas... je n'ai pas vraiment eu l'occasion de beaucoup lui parler. En tout cas il y avait tous les Flesh, et je ne crois t'avoir vu à ce moment là. Tu les suis depuis longtemps ?"

Pas loin d'ici, elle entend des voix familières. Probablement Aïlo et Emi. La jeune kurde a toujours eu l'ouïe fine.

Matelot Messages : 87 Date d'inscription : 15/03/2011

Puis l'aveugle s'arrête, stoppant Aïlo en saisissant son bras avec fermeté.

"Non. N'y allons pas."

Le Norvégien ne pose pas de question. Le ton d'Emi est sans appel. Elle est pâle comme si elle avait -vu- quelque chose d'effrayant.
Elle le tire vers l'arrière, et ils rebroussent chemin.
Les prières pour les morts ne seront pas interrompues, ce soir.

Kristen... Les billes sombres se ferment un instant à l'évocation de la blonde. Sa meilleure ennemie, celle avec qui, un jour, il y aurait eu véritable explication, celle qui aurait dû avoir droit à ses foudres pour le dernier souvenir qu'elle lui avait laissé.

Nouanda s'accroupit près des flammes, elle a perçu des pas inconnus non loin. Détente, oui, mais prête à tout. La bestiole s'installe entre ses pieds toujours fascinée par le feu, cette chose étrange qui réchauffe et mord de ses brûlures si l'on s'en approche trop. La brune, telle cet animal qu'elle se prend parfois à considérer comme son petit, scotche la danse fumeuse qui se tient devant eux. Les larmes cessent de couler peu à peu, point trop n'en faut.

- Oui, je connaissais bien... Oui, je la connaissais. Bien... je ne saurais dire. Plus qu'elle n'aurait voulu, peut être.

Encore une fois ce nom qu'elle avait honni parfois n'arrive pas à franchir la barrière de ses lèvres. Encore une fois, celle qui lui manque malgré tous leurs désaccords est évoquée douloureusement. Bien vite, heureusement, Séléna passe à un presqu'autre sujet. Léger sourire au verbe "suivre"... Tout à fait le mot qu'aurait utilisé la blonde Kristen.

- Je n'y étais pas, non. Je marche avec eux depuis la fin de la PSS. Quant à New Vegas, aucune envie de me retrouver enterrée à nouveau.

Elle passe, un peu nerveusement, la main sur son cou, ça la gratte, ça la brûle. Souvenir trop évoqué, cicatrice tenace.

Matelot Messages : 3 Date d'inscription : 04/09/2011

Zlurk reste silencieux, regardant l'horizon.

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

Selena se couche sur le dos, une main derrière la tête et regarde le ciel. Elle ne dit rien d'abord, et puis reprend le fil de la conversation.

"Je te comprend...
Moi même j'ai vécu près de deux ans à New Vegas...
Au début je pensais que je ne me ferai jamais à l'enfermement et puis, au bout d'un moment, on s'y habitue naturellement.

Seulement, rien ne vaut le monde extérieur. Même si j'aime la ville souterraine que j'ai si longuement servie."

Elle roule sur le côté à présent, et soutient sa tête avec une de ses mains pour pouvoir regarder Nouanda.

"J'ai une question puisque tu es des Flesh. Comme tu marches avec eux depuis longtemps, tu dois bien connaître Milosevik Jess à présent.

...

Comment définirais tu cet homme ?"

La question intéressait la kurde à raison personnelle. Elle avait rencontré un homme respectable d'abord, et l'avait quitté sur une note très négative qui l'avait mise dans un état de fureur avancé. Et puis... plus rien. Du coup il était difficile pour elle aujourd'hui de savoir à qui elle était censée avoir affaire. Quoiqu'il en soit, la seule chose qu'elle avait jamais eu à lui reprocher c'est d'avoir un jour poignardé Eline Johansen en plein coeur de Vegas avant de rapidement prendre la poudre d'escampette, alors qu'elle travaillait dans la garde de Vegas et que ce genre de comportement était plus que proscris. Les histoires de tentative de viol ne l'avaient jamais concerné. Elle avait pour souvenir que c'est Lizzie Dale qui avait le plus de problèmes de ce côté là. L'homme qu'ils avaient laissé derrière eux à Vegas et qui s'était révélé être un véritable cadeau empoisonné pour Selena durant les dizaines de lunes suivantes. Nouanda n'avait pas du connaître l'énergumène et grand bien lui fasse.

Quoiqu'il en soit de l'eau avait coulé sous les ponts, et des choses bien plus graves les avaient tous touchés depuis. La rancoeur s'était progressivement effacée avec le temps. La rancoeur liée à la déception qu'elle avait ressenti. Mais du coup elle restait particulièrement méfiante à son égard. Alors qui mieux qu'une Flesh pouvait éclairer sa lanterne ?

- Deux ans !

L'exclamation fuse, sarcastique à souhait. À se demander si la blonde déteindrait pas sur toutes les femmes Flesh depuis sa disparition, comme si le vide qu'elle laissait ne demandait qu'à être comblé par leurs mauvais caractères... Elle reste face aux flammes, n'observant pas la femme qui s'est allongée à même le sol, non loin. Paroles hachées, échappées presque malgré elle.

- J'ai passé dix-huit années enfermée sous terre. J'te laisse deviner quel âge j'ai.

À vue de nez ? Moins de vingt ans... Après, l'insupportable, c'est relatif et ça dépend de la capacité de chacun. Il est des choses que Nouanda supporte très bien, et d'autres qui l'emplissent de désespoir. Elle vous débitait un corps sans un haut le coeur, allant même jusqu'à lécher ses doigts avec délectation, soi-disant pour ne pas se salir, par gourmandise en vérité. Cela lui manque, un peu, beaucoup parfois, quand elle va mal, sinon le manque ne se fait pas trop sentir, c'est supportable, et puis elle a donné sa parole et n'y a pas failli encore... Cela fait un bout qu'on l'a pas laissée découper quiconque. Faut dire que dernièrement, les morts, c'étaient des alliés.

- Connaitre Jess Milosevik...

Tandis qu'un léger sourire s'invite sur ses lèvres, ses yeux noirs s'illuminent à l'évocation du Serbe. Elle voudrait rester stoïque que ça serait raté. C'pas à elle qu'il faut demander un avis objectif sur le meneur des Flesh & Blood, ça non... Elle va tenter, pourtant.

- Je le connais comme quelqu'un qui partage sa vie... À savoir... moins bien que je ne le voudrais.

Elle songe, Nounou, elle songe à cet homme dont elle ignore encore beaucoup de choses, elle songe à cet homme qu'elle voudrait mieux comprendre encore, cet homme à qui elle a offert sa vie, cet homme. Oui, celui-là.

- Je ne suis pas la mieux placée pour parler de lui objectivement. Tout ce que je peux te dire c'est qu'on peut pas définir Milo par quelques mots. Je pourrais te dire qu'il est colérique, raciste, haineux, possessif, drogué, sadique... Entre autres choses...

Les qualificatifs sont répétés comme une leçon apprise il y a longtemps, comme si les mots n'étaient pas d'elle.

- C'est vrai. Parfois, pas tout le temps. Il est aussi protecteur, attaché aux personnes qui l'accompagnent, il fera tout ce qu'il peut pour sauver les siens. Il sait faire souffrir et souffrir... Il...

Ses paroles se suspendent dans l'air nocturne, on n'entend durant un temps que le crépitement des flammes, à nouveau dans ses pensées.

- Il est juste, bien que sévère... Il lutte pour la survie de tous ceux qui le méritent... Et même certains qui ne le méritent pas...

Peut-on réellement définir un homme ? Peut-on exprimer une impression, un ressenti ? Elle n'est pas douée pour ça, Nouanda. Surtout qu'elle manque pas mal de points de comparaison, faut dire... Militaires et scientifiques faisaient partie de son quotidien, mais leurs actions pouvaient-elles les qualifier d'humains ? Et les gens qu'elle a rencontrés ensuite ? Haar ? Il n'est pas humain, pas tout à fait, les autres ? Sympathies fugaces, haines tenaces... C'est vraiment pas une pro de la sociabilité, la brune... Peut-on définir le Serbe ? Non...

- Jess Milosevik est un homme.

Et pour elle-même, tout bas, le sourire léger toujours ancré sur ses lèvres, elle ajoute, plongeant les mains dans la fourrure installée entre ses pieds.

- Le mien.

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

Colérique, raciste, haineux, possessif, drogué, sadique. Quelques fois... mais pas tout le temps. C'est peut-être ça qu'elle n'avait pas soupçonné à la base. C'est peut-être ça qui lui avait échappé dans les mots qu'ils avaient échangé à travers les ondes, derrière cet homme qui lui avait donné son bras quand elle avait besoin d'une canne pour marcher, et qui en était même venu à tirer sa chaise pour l'aider à s'asseoir. Difficile de repérer l'homme colérique, raciste, haineux, possessif, drogué, et sadique qui pouvait surgir de l'ombre par moment.

C'est ce côté là de sa personne qui avait du la décevoir, et la surprendre. C'est ce côté là qui avait enfoncé une lame dans Eline Johansen pour une histoire de vol. A savoir qu'à la vue du gabarit il aurait très bien pu récupérer son bien sans en arriver là. Mais maintenant elle comprenait mieux. Nouanda lui avait juste confirmé que comme elle le pensait, elle ne connaissait pas du tout cet homme. Si bien qu'à l'époque, ça n'aurait pas été utile sans doute d'aller le trouver pour lui exprimer cette fameuse déception justement. C'est bien tout ce qu'elle avait voulu faire, exprimer sa colère, sans insultes et sans vendetta. Elle n'en avait pas eu l'occasion, et les choses en étaient restées là. Aucune discussion, en dehors des ragots rapportés, qui s'étaient peut-être bien révélés faux et déformés. Maintenant c'était sans doute trop tard. Eline était morte, Selena avait profondément changé, sans doute que Jess aussi.

Elle reste allongée la tête dans le ciel.

"En effet... on ne peut pas définir un homme en quelques mots... mais je crois que ta réponse est suffisante. Il a ses qualités et ses défauts. Comme moi."

Finalement elle met une cigarette dans sa bouche et l'allume.

"A vrai dire je te pensais plus âgée. Peut-être les traits que les épreuves ont dessiné sur ton visage. Mais tu as raison. Deux ans à New Vegas ne suffit pas à savoir ce que vaut dix huit années.
Moi j'ai vécu un autre genre d'enfermement. Celui ci a duré près de 26 ans. Et aujourd'hui, je me dis que j'ai de la chance d'être vivante, et de pouvoir savourer des choses simples comme, fumer une cigarette sous le clair de lune, à côté d'un bon feu tout en parlant à quelqu'un que je ne connais pas du tout... pas encore du moins...

Tu te souviens de ta vie d'avant ?"

Avoir ses qualités et ses défauts, comme elle... Comme tout le monde en fait. Quoique ce qu'on qualifierait de défaut chez le Serbe, n'en était pas vraiment aux yeux de Nouanda. Sans doute manquait-elle de repères ou de références humaines pour pouvoir juger... Ou n'avait-elle tout simplement pas envie de juger. Pas lui en tous cas. Il était tel qu'il était et ça lui allait très bien, à la brune, c'était ainsi qu'elle le voulait. Lui-même.

Elle écouta attentivement son interlocutrice. Entendre parler les gens de leur vie lui apportait un regard sur ce que le monde avait été, même si elle ne comprenait pas toujours les tenants et aboutissants des actes dont ils lui parlaient. La Vie, elle l'avait découvert à sa sortie, et elle lui plaisait, autrement plus agréable que celle qu'elle avait subie auparavant.

- Oui, je me souviens.

Tout à fait nets, ses souvenirs, Third avait beau se taire, ne plus vraiment lui laisser la perfection nette de ses souvenirs engrangés dans l'IA, les images restaient claires, les faits inoubliables.

- Une existence...

Elle ne savait trop comment expliquer ce qu'elle savait désormais et ce qu'elle avait vécu dans l'ignorance de sa nature, vie qui lui semblait normale, avant... jusqu'à ce qu'elle en ait marre.

- Ma mère a été tuée après qu'on m'ait arraché de son ventre. Ils m'ont élevée à leur manière, à coups de pieds, en m'offrant de la viande, en m'apprenant à me battre, en... Tests chaque jour, examens médicaux, stratégie, combats. Chaque jour pareil, rien ne changeait. Quand j'ai eu 5 ans, ils m'ont fait un cadeau... Me souviens que du mal de crâne, maintenant je sais. Et au bout d'un temps, se sont mis à investir mes nuits. J'étais femme à leurs yeux, n'en avaient pas touché depuis avant ma naissance. M'ont appris ça aussi. J'ai appris à aimer ça, m'avaient habituée à la douleur. Un jour j'en ai eu marre. M'embêteront plus. Et j'suis sortie.

Le tout fut raconté de façon monocorde, sans émotion particulière. Pas très clair, tout à fait net en son esprit. Nulle plainte, une simple exposition des faits.

- Ma vie, c'est maintenant.

Matelot Messages : 43 Date d'inscription : 12/09/2010

Avoir ses qualités et ses défauts. Comme tout le monde. Seulement la jeune kurde ne parlait toujours qu'en son nom. Elle avait écouté les morceaux d'histoire de Nouanda avec intérêt et avec une certaine douleur aussi. Ce nouveau monde était également plus doux pour Selena. Leur passé se ressemblait au fond.

"Alors toi aussi..."

Des mots qui résumait tout tandis qu'elle continuait de regarder le ciel, en se demandant quelle étoile appartenait à quel défunt. Pourquoi avait elle ressenti une certaine douleur ? Parce qu'avec un tel passé on se sent souvent seule. On a pas vraiment les mêmes repères que les autres.

"J'ai eu le temps de connaître ma famille... les 5 premières années de ma vie... et puis il y a eu cette guerre de l'ancien monde... on les a massacré... tous... j'ai été élevée comme un animal... une arme bonne à tuer... peu importe la manière pour y arriver. Quand j'étais petite on m'a forcée à tuer des enfants... et des femmes. J'ai découvert la sexualité comme un paramètre de mission. On m'a interdit de ressentir quoi que ce soit, au point de me laver le cerveau... et je pense... qu'en dehors des souterrains... notre vie n'a pas été si différente..."

Elle tourne la tête vers Nouanda.

"Et pourtant nous sommes encore là à pleurer nos défunts... c'est qu'il y a des choses qu'on ne peut détruire... n'est ce pas ?..."

Elle regarde à nouveau le ciel.

"La vie c'est maintenant oui... et je me demande sans arrêt... ce que je peux apporter à cette vie... à ce monde... quelle leçon pouvons nous tirer de ce que nous avons déjà vécu ? ... Quel idéal ?... Quand on a déjà vu ce qui se fait de pire chez l'homme... peut-être qu'il n'y a rien à apporter... qu'il suffit de vivre... à vrai dire je ne sais pas..."

Attentive aux paroles que prononçait son interlocutrice, Nouanda restait silencieuse. L'entendre parler d'une vie d'asservissement militaire la rassurait quelque peu. Son cas en devenait presque ordinaire. Tout du moins pour ce qui était de l'éducation.

- Ils ont voulu... faire de nous des êtres obéissants, sans réflexion... Ils ont raté.

Elle rit légèrement en regardant Selena. Toujours cette faculté de changer d'humeur plus vite que de chemise, enfin, tout dépendait du sujet.

- Tant mieux, non ?

Il y avait une autre chose à laquelle "ils" avaient échoué... Ils avaient tué sa mère à sa naissance... Son père plus tôt encore, alors qu'il recherchait ce qui deviendrait leur sujet d'expérience... Mais ils n'avaient pas exterminé tous ceux de son sang.

- J'ai une soeur. Elle n'a pas eu ma vie, on ne se connait qu'à peine, mais j'y tiens réellement. Je ne sais pas si c'est ce qu'on appelle le lien du sang qui crée ce ressenti envers elle, ou si c'est parce qu'elle est le seul lien avec ce que j'aurais pu être s'ils n'avaient pas fait ça de moi...

Son ton se fit grave tandis qu'elle continuait à lui répondre.

- J'ai souvent l'impression qu'on pleure sur soi quand des proches tombent... Qu'on pleure sur le vide qu'ils laissent, sur la vie qu'on aurait pu passer avec eux, sur notre propre malheur... Qu'y a-t-il après ? Peut-être sont-ils heureux, eux ? Aimaient-ils la vie ici ? Je ne pense pas que les gens comme nous soient légion, qu'il y en ait beaucoup qui préfèrent leur vie actuelle... J'en sais rien en fait.

Elle ne sait pas non plus, Nouanda, sans doute la Kurde va-t-elle trop loin dans la réflexion pour l'asiatique... Quelque chose du genre...

- Pourquoi vouloir faire quelque chose pour le monde ? Pense à toi ! Vis... mais vis bien !

De là à savoir ce qu'était "vivre bien"...

» [Lune 226] Des retrouvailles... dans la douleur de ceux qui sont tombés...
» Story (collectif ouvert)
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