Un cauchemar à Oiléan Thorai......(écho à Vel rp indiv)

Où étaient les heures paisibles de la petite Oiléan ? aujourd'hui elles risquaient cruellement d'entrer dans le domaine des souvenirs. Les futurs levés de soleil seraient à jamais teintés de pourpre, les lunes seraient écarlates pour plusieurs nuits encore.
Pamela était là, assise sur ce qui restait d'un tonneau de rhum renversé, deux nuits s'étaient écoulées depuis les attaques de la veille, une nuit où les larmes, la rancœur, l'amertume avait envahi son être.

t'inquiètes pas ! on est quasiment intouchable lui avait il dit.....mais elle avait senti tout autre chose dès les premières balles tirées.

La chair qui s'entrouvre, le sang qui jaillit tout feu tout flamme des entrailles mises à ciel ouvert, les hurlements des hommes pourtant si fiers, les corps qui les uns après les autres à coté d'elle dans un bruit sourd, tombèrent.

C'était ses hommes qui mouraient, là à quelques pas d'elle, ceux pour lesquels elle s'était tenue d'avoir une main de fer durant les entraînements, tant pis s'ils devaient la haïr. À cet instant elle aurait encore voulu que chacun d'eux la détestent, la considèrent comme une chieuse de petite cheffe. Mais non, ses yeux effarés découvraient les corps sans vie qui maculaient la terre d'Oiléan.
Son pied heurta Otis alors qu'elle reculait pour éviter un lancé de hache qui vint entamer son épaule, Otis....scribe si volubile qui l'avait faite si souvent sourire par ses longs discours où elle ne l'écoutait déjà plus à la seconde phrase trop amusée de voir avec quel entrain il gesticulait pour apporter de la vie à ses paroles.

Mort.

Une balle bien logée en pleine tête.

Puis elle avait vu tomber Coxwen, directement lors de la première vague ennemie, le marin au teint mat venait d'être mis en échec sans avoir pu jouer un quelconque coup.

Les hommes d'en face n'étaient pas venus pour admirer le paysage ni même les infrastructures de la ville...encore moins prendre plaisir au petit théâtre... Fozzie... les yeux de Pam se remplirent de larmes à son évocation, lui qui lui avait tendu la main alors qu'elle venait de se fouler la cheville... Fozzie était là, dans une allure théâtrale, de mort digne, la main sur le coeur, baigné de sang.
À ses cotés était Zemin, l'asiatique plus blanc que jamais avait du subir un choc violent lui écrasant la cage thoracique, seule chose dont Pamela se souvenait fut son cri avant de tomber.

Ses hommes, ses hommes n'avaient pu faire face à l'envahisseur, Pierick, Fletcher, Kristen qui était dans le groupe depuis quelques lunes, et Codename lors du second assaut.
Tant d'heures, tant d'entraînements pour se faire balayer comme de vulgaires feuilles mortes en automne.....
Alors qu'ils tentaient un repli pour laisser la place à la seconde équipe de défense, elle avait vu Marve au sol, son coeur n'avait fait qu'un tour dans sa poitrine,

*Non ! non ! pas lui !* elle s'était précipitée, s'écroulant à ses côtés recevant une balle adroitement tirée dans la jambe. Elle avait pris son visage entre ses mains, il était livide, Marve semblait inerte.
Elle le maudit à cet instant, lui et ses fichues drogues à la con, s'il avait eu les idées un peu plus claires ! il ne serait pas MORT ! Alors de rage elle se mit à taper sur son torse de son bras valide.

doucement ma belle avait il fini par craché dans un sursaut, je suis pas encore mort !
Elle avait écarquillé les yeux, chassant ses larmes du revers de la main, et dans l'élan du moment l'avait embrassé. Puis le sifflement des balles se fit moindre, comme si le temps avait suspendu leur vol, alors elle le tira tant bien que mal jusqu'au dispensaire de la ville où ils s'affalèrent devant la porte.

Petit trou noir, elle avait perdu connaissance, emportée par la douleur qu'elle subissait.

Ce n'est qu'au soir où elle se réveilla, le tumulte dans la cité Portuaire était palpable, la Mara était venue leur prêter main forte pour dissuader l'ennemie d'une troisième attaque.
Vel était venu la voir; si elle avait été en état, elle l'aurait certainement giflé, elle avait eu fois en lui, presque une confiance aveugle envers le stratège du groupe.... quelle utopie...voilà où cela les avait conduis.

Elle avait sur la conscience la mort de ses hommes. Alors que cela faisait plusieurs lunes où elle avait choisi de faire les gardes de nuit, c'était juste la veille qu'elle était partie se reposer trop exténuée.

Il venait lui demander son arme et ses balles et en même temps de préparer un groupe à quitter le Port si l'éventualité d'une défaite arrivait.

T'as vraiment pas de coeur !

Alors c'est en râlant qu'elle consentit à lâcher son arme, c'est sûr que s'ils avaient du fuir, sans arme dans le désert autant se balader avec un panneau autour du cou : "à buter" mais après tout, que valait vraiment sa vie par rapport à celles qu'ils venaient de perdre.... Ni plus....ni moins.....

Elle ferma les yeux de nouveau, allongée sur le lit de camp du dispensaire. Ça tournait, ça grouillait de partout, les cris, les hurlements, l'odeur du sang, des chairs qui se faisaient cautériser. Son bras la lançait tout autant que la balle qui avait gentiment caressée le muscle de sa cuisse. Elle avait la nausée, une envie de vomir l'envahit d'un coup et elle eut juste le temps de se retourner pour basculer la tête hors du lit et vomir sur le sol.
Qui donc l'avait soigné ? Zemin mort, Stark parti...Elle eut un doute en cherchant Vel du regard. Puis elle sombra sur le tissus tendu. Elle rêva.

Non, pas de rêves, pas de ceux qui dans votre sommeil laissent apparaître sur votre visage un sourire, une sérénité.
Elle cauchemarda.

Les paroles de Marve revenaient plus brûlantes, plus acides que jamais. Elle aurait dû prendre du plomb dans la tête, elle aurait dû sauver ses hommes...et Kristen...
le sourire de Fozzie vint marteler son esprit, la main qu'il lui avait tendue pour l'aider à se relever, prêt à porter son sac en plus du sien.
Le doigt levé lors des entraînements lui demandant la permission d'aller aux petits coins histoire de la charrier un peu plus. Lui qui se prêtait de bon gré à toutes les lubies qu'elle leur concoctait. Lui qui lorsqu'elle avait eu un coup de mou passager lui avait dit de continuer, de se battre. Fozzie c'était ça, le cœur sur la main, un brin d'humour, un grain de folie, un soupçon de gaîté, une pincée de bon humeur, une loyauté à toutes épreuves....sauf celles des balles.

Les yeux clos de Pamela pleuraient, les larmes traçaient un sillon salé sur ses joues bien pâles.

Et Marve, qu'en était il ? elle se souvenait l'avoir amené jusqu'au dispensaire, mais après ?....
Confusion....
Des mots échangés....un baiser volé....

Tout se chamboulait en elle, l'image de Varonn se fracassa dans sa tête, où était il ? avait -il eu à se battre ? elle avait besoin de lui, mais elle allait devoir, si le temps le leur permettait encore, faire le point sur eux.
La peur.
Trop de choses s'étaient produites pour ne pas voir la vérité en face.

Puis elle sentit autour de son cou la bague de l'Ordre, est ce que quelqu'un seulement avait eu le temps de les prévenir des attaques qu'ils venaient de subir ?
Stark savait-il ? Allait-il revenir à Oiléan ?

Oh que ça tournait ! pire qu'un manège à pleine vitesse ! tout leurs visages passaient et repassaient en boucle dans des bruits d'explosions, des coups de feu, des sifflements de balles, des cris de guerre.

C'était ça la guerre.... elle venait d'en faire l'amère découverte...

Durant une phase d'accalmie, elle s'empara de la première radio que sa main trouva à portée.

Elle chercha la fréquence de l'Ordre, en tournant et retournant le bouton et finit par capter quelque chose.
Elle avala sa salive, un goût de sang désagréable trônait dans sa bouche, alors elle chercha un peu d'eau avant de commencer à parler.
Une jeune femme lui tendit un verre plein, de quoi elle ne le sut pas mais sûr que ce n'était pas de l'eau, tant pis cela ferait l'affaire de toute manière.

Sa voix était fragile, cassée, trahissant des émotions encore trop présentes en elle, pourtant elle ne devait pas flancher, pas encore, pas ici, pas devant eux.

Sta... Stark ?

elle reprend son souffle

C'est Pam....

comment donc allait elle lui annoncer cette nouvelle ? il n'y avait pas trente six mille façons..

Oiléan vient de subir une attaque...ou peut-être même deux...
nous avons des morts....

elle fut contrainte de refouler un sanglot qui avait commencé à faire vibrer ses cordes vocales.

Stark...tu...m'entends ? tu me reçois ?

pour sûr que s'il venait d'entendre ce qu'elle venait de dire il lui faudrait un temps pour faire face au choc de l'annonce.
elle continua malgré tout;

Je pense que Vel t'en dira plus dès que possible, Francky est là aussi, Marve quelque part je pense.

elle se tut, se demandant d'un coup où était passée Mazzy ? elle avait perdu la clone des yeux alors que celle ci bondissait comme une furie sur les assaillants son jouet au bras en pleine fonction. Elle ne l'avait pas vu au sol, c'est qu'elle avait dû s'en tirer aussi alors...

Puis elle entendit grésiller la radio et reprit

Stark ?

*Qui sont les morts ?*

Pamela manqua de s'étrangler en répondant, tant sa gorge était serrée.

QUI...qui...eux....eux qu'elle n'avait pas pu protéger....

Elle appuya le bouton de la radio, sa voix était pleine de sanglots, elle énuméra les noms, un à un :

"Otis, Fozzie, Coxwen, Pierick, Fletcher, Zemin, Codename chez nous, Kristen aussi et je crois des gars de Jess...je... je.... n'en ...sais pas plus."

Dans cet enfer la voix de Stark avait quelque chose de salutaire mais à la fois de si douloureux à entendre, il était loin....alors qu'elle aurait eu besoin de lui ici...



"Logannnnnnnnnnnnnnnn" Pamela crispa ses doigts sur la radio et hurla de douleurs, l'horreur, l'horreur innommable venait de se produire ici.
Elle hurla sa peine, se tordant dans le lit de camp sans lâcher la radio comme un bateau en pleine tempête se raccrocherait à la lumière du phare de la cote.

Dans le dispensaire le cliquetis des ustensiles de chirurgie allait bon train, les rouleaux de bandes étaient étirés en tout sens, les compresses imbibées de sang jonchaient le sol et les pas pressés de sauver encore des vies se mêlaient à tout le tumulte présent.

Pamela se tordait sur le tissus tendu, elle avait replié ses jambes contre son ventre. Elle tenait toujours la radio dans sa main, ses doigts devenaient blancs sous la pression qu'elle exerçait.

Elle hurlait et ne s'arrêtait que pour reprendre son souffle, son corps était secoué de sanglots mélangés à des spasmes, trop...trop....
la douleur de la perte de ses hommes, la douleur des balles extraites de son corps...trop...beaucoup trop que ce qu'elle ne pouvait supporter.

Son esprit pleurait, son coeur pleurait....

Puis elle se tut.

Le silence envahit le lit de camp, les muscles se détendirent un peu, mais les traits du visage étaient marqués par la plaie de l'âme.
Comme pour ne pas griller les circuits, elle venait d'être mise hors tension.


Pamela avait perdu connaissance.

L'âme de Pamela était la proie à des tourments sans fin, si son corps paraissait au repos, son cerveau bouillonnait.

Dans le calme apparent du coin du dispensaire, elle se remit à hurler, tout d'abord des ordres incompréhensibles, s'approchant d'avantage à du baragouinage, puis des noms, ceux de ses hommes, qu'elle entrecoupait par de longs cris sanglotants et dans le brouhaha qu'elle braillait deux revenaient en boucle : Marve et Stark.

Puis elle se mit d'avantage à s'agiter, à gigoter en tout sens faisant bouger le bandage qu'elle avait de posé sur son bras blessé.

Elle se redressa net et hurla :


LOOOOOOOOOOOOOOOOOGGGGGGGGGAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNNNNNNNNN

puis retomba aussitôt sur le lit de camp, grelottante et transpirante, le front en sueur.

Ma radio ! je veux ma radio ! ma radiooooooooooooooooooo ! se mit elle à réclamer toujours en délirant.

Le calme. Le silence. Le vide. Le néant.


Rien


Plus rien ne se produisait du coté du lit de camp, le corps de Pam sous un bout de couverture ne bougeait plus.

Seule dépassait sa cheville qui quelques semaines avant avait été foulée, des traces de bleus restant encore autour de la malléole.

Elle ne donnait plus de signe de délire, son état semblait suspendu entre deux, son souffle plus lent quasiment imperceptible.

Les minutes se transformèrent en dizaines puis en demie heures. Son corps avait perdu beaucoup de sang et le froid ambiant fit tomber doucement sa température.
Elle se mit à grelotter pour de bon.

Silence....

Puis un faible cri se fit écho dans sa gorge :

Logan

Petit matin....très tôt.... le soleil perce les cendres d'Oiléan dans un silence religieux.

Pamela ouvre les yeux, et fait la grimace alors qu'elle essaye de bouger, de sa main valide elle soulève la couverture et se met à rougir.

Mais que foutait elle sans ses habits ? juste avec sa petite culotte qui serait bonne à échanger contre une propre.
Elle essaya de se remémorer les événements récents, c'était de nouveau la bousculade dans sa tête, elle se souvenait avoir parlé à Stark, puis plus rien, plus de radio non plus d'ailleurs.

Elle chercha du regard si quelqu'un était là, personne. Alors elle se décida à se lever car un souvenir bien présent en elle était qu'elle était arrivée au dispensaire avec Marve...

alors où était-il ? Elle descendit du lit de camp en enroulant tant bien que mal la couverture autour d'elle. Ouh....mauvaise idée que ce choix ci.... le sol tourna autour d'elle et elle s'empressa de se ré-asseoir un instant.
Le médecin qui l'avait recousu avait fait un travail correct, mais la douleur était toujours virulente, elle se concentra sur l'Amiral et se leva une seconde fois pour partir le chercher. Elle prit en chemin un bâton qui était posé là s'en aidant pour avancer. La cheville ou la cuisse, ma fois, elle avait déjà donné, alors elle su comment se déplacer en minimisant ses efforts.

Elle n'eut pas loin à aller car l'Amiral avait fini par être rentré dans la seconde pièce du dispensaire. Il avait une sale mine, les joues creuses, les traits tirés, le changement choqua Pamela qui sentit lui venir les larmes aux yeux. Il avait lui aussi reçu les premiers soins utiles à sa survie, mais il restait des traces de sang par ci par là.

La jeune femme parcourut du regard l'endroit et trouva un pot et de l'eau. Elle amena le tout jusqu'à Marve et put constater que lui aussi avait fini en tenu d'Adam sous la couverture. Elle ne l'avait jamais vu ainsi, et le pourpre teinta ses joues d'un coup. Marve....Marve.... son amour de jeunesse....son amour....qu'elle avait fini par faire taire pour d'autres raisons. Elle sourit et prit un bout de tissu qu'elle trempa dans l'eau qu'elle avait versé dans le pot.
Lentement elle commença à lui laver le visage. L'eau était fraîche mais l'homme dormait profondément. Elle débarrassa sa peau du sang séché, frottant doucement pour ne pas lui faire plus de mal.
Puis elle baissa la couverture, la repliant en deux, libérant le torse couvert de cicatrices et de bandages. Elle rinça le tissu, puis recommença sa toilette, en tamponnant par endroit. Elle ne put s’empêcher de passer sa main sur l'épaule qu'il avait cramé quelques jours avant avec la lame de l'épée incandescente....

Elle frissonna au contact de sa peau contre la sienne. Mais dignement elle poursuivit son travail.

La ville était encore sous tensions, mais l'aube amenait un calme temporaire aux habitants qui devaient récupérer ça et là.

Pamela inversa le pliage de la couverture pour passer à la seconde partie du colosse. Et quelle partie.... malgré les coups, les balles, il n'en restait pas moins bel homme, surtout pour son âge pensa t-elle souriant amusée de sa réflexion. Elle mouilla le tissu, le secouant dans l'eau pour le laver et revint sur le corps de Marve. Elle fit les mollets et remonta lentement le long des cuisses.

Mais elle s'arrêta nette.

Avait elle entendu un bruit ?

Non.

Que se passait-il alors ?

Marve se réveillait-il...enfin.... Elle rougit de plus belle et se dépêcha de rabattre la couverture sur les jambes de l'Amiral.

Elle revint vers lui, elle aurait juré l'avoir vu la regardant avec un air amusé, mais non....Marve paraissait endormi.
Elle lui caressa la joue affectueusement puis se dit qu'il était peut-être temps pour elle de se retrouver des habits dignes de ce nom.

Alors elle quitta Marve, toujours en tenant bien serrée contre elle la couverture, se disant qu'elle retournerait au phare pour trouver de quoi se fringuer si dans son placard elle n'y avait pas laissé quelque chose....

Pamela s'arrêta net quand elle entendit la voix de l'homme non loin d'elle.
Elle s'approcha de lui en tenant fermement la couverture contre elle. Il était clair que la température du dehors était des plus fraîches mais elle devait vite se trouver des habits et malgré qu'elle n'était pas au mieux de sa forme il y avait des choses à faire qui ne pouvaient pas attendre.

Pardon ? lui dit elle en arrivant à sa hauteur en commençant à frissonner.

Il ne lui semblait pas l'avoir déjà vu dans la cité... mais bon perchée dans le mirador elle n'avait pas les yeux souvent en bas.

vous êtes ?

au moment où elle lui posait la question elle était loin de se douter qu'elle était devant le médecin qui avait sauvé son petit cul.....

(hrp = désolée pour le délai de ce rp car j’y effectue un léger retour en arrière, mais j’ai bien entendu fait attention à ce que mon post d’aujourd’hui n’ait pas de conséquences notables par rapport aux interventions déjà postées).



http://www.fract.org/forums/index.php?sujet=4749







A la lumière obscure
Je te croise enfin
Mon dieu que tu es belle
Toi la seule toi l’ultime
Entre les hommes égalité
S’il te plait prends ma main
Ne te fais plus attendre
Il est temps de s’étreindre
De s’éteindre
Une dernière cigarette

Les guerriers de la route avaient pourtant prédit
La mort ou la naissance
Ca dépend du cœur
Au soleil qui s’incline
Allez finissons-en
Et laissons s’accomplir le firmament
Plongé dans l’infini
Dans le gouffre sacré
De Katagena
Me noyer à jamais
Et puis quitter ce monde sans pudeur ni morale

J’veux qu’on baise sur ma tombe
J’veux qu’on baise sur ma tombe

Que la grâce s’accomplisse
Immortelle jouissance
Que les femmes s’unissent dans un parfait accord
Rien que pour un instant
L’éphémère devienne
Eternité

J’aurais aimé t’aimer
Comme on aime le soleil
Te dire que le monde est beau
Que c’est beau d’aimer
J’aurais aimé t’écrire
Le plus beau des poèmes
Et construire un empire
Juste pour ton sourire
Devenir le soleil
Pour sécher tes sanglots
Et faire battre le ciel
Pour un futur plus beau
Mais c’est plus fort que moi
Tu vois je n’y peux rien
Ce monde n’est pas pour moi
Ce monde n’est pas le mien

Au revoir mes amis
Au revoir mes frères
Au revoir mon pays
A nous deux la lumière
Au revoir Franckie
Au revoir les printemps
Au revoir pauvre monde
A nous deux Satan
Au revoir mes amis
Au revoir mes frères
Au revoir mon pays
A nous deux la lumière.



Pendant l’attaque de Thoraigh, Maëlle est hors d’état de nuire à qui que ce soit. C’est tout juste si elle entend du bruit, de l’animation, hallucinant sur une possible fête, avec feu d’artifice et cris de la foule en délire…

On vient la trouver en fin de matinée et on la ranime vivement, réussissant à lui faire prendre la cire, ce qui la remet sur pied dans les trente minutes suivantes, mais sa lucidité est instable… Les tremblements dûs au manque lors de son réveil ont disparu.
Avec tous ces morts et blessés dans les deux groupes initiaux de défense, on a besoin d’elle en urgence pour aider à la protection de la communauté, les combattants valides ont sérieusement diminués en nombre. Un citadin l’aide à enfiler une armure puis à rejoindre le haut d’un des miradors où l’attend une arcubaliste. La voilà chargée de surveiller et de garder la communauté dans cette direction-là.
Sur le moment, elle fait ce qu’elle peut, du mieux qu’elle le peut, et cela la pousse à ne pas trop penser aux très mauvaises nouvelles qu’on vient de lui apprendre dans la foulée, sans avoir le temps de lui donner des détails.

Elle émerge à peine d’un très mauvais trip, mais pour autant elle se demande si elle n’a pas basculé en plein cauchemar…

Hors de question de sauter par-dessus bord dorénavant.
D’autres ont besoin d’elle.
Ce n’est paradoxalement plus le moment de mourir, vraiment plus.
Elle qui a encore failli y passer à plusieurs reprises en très peu de temps, voilà qu’on vient de lui sauver la vie.

La journée est longue…

Interminable…

Un habitant de la communauté est chargé de venir voir en cours d’après-midi les membres du groupe de défense pour leur apprendre que la Marabunta est en route vers Thoraigh et devrait arriver dans la soirée ; elle en profite pour récolter quelques nouvelles sur l’évolution de la santé des blessés. Pour Marve, gravement blessé, c’est encore trop tôt pour un pronostic certain, mais le colosse est d’une résistance hors-pair et l’espoir est permis. La santé de Paméla et de Franck est moins critique mais reste préoccupante. Il faut prendre patience et attendre…

Lorsqu’un membre de la Marabunta vient enfin la relayer, il est près d’une heure du matin. Elle n’en peut plus et prend une dernière ligne de cire pour ce soir, histoire de pouvoir atteindre le dispensaire.
Mais une fois là-bas, on lui fait savoir qu’il est trop tard, les blessés dorment bien sûr, sous analgésiques. Et ils en ont un grand besoin. Elle le présageait mais ne pouvait pas s’abstenir de tenter ; elle glane les dernières nouvelles de leur santé auprès d’une des personnes chargée de les veiller tandis que le docteur s’active sur un des blessés. Avant qu’elle ne reparte, on lui fait comprendre qu’il lui faudra se doucher et se changer avant de revenir…

Puis elle part au hangar et se traîne jusqu’à sa barque-lit où elle s’écroule littéralement, frigorifiée, prenant juste le soin de se couvrir d’une pile de couvertures.



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Je pourrais comparer ma musique à la lumière blanche qui contient toutes les couleurs. Seul un prisme peut dissocier les couleurs et les faire apparaître ; ce prisme pourrait être l'esprit de l'auditeur. (Arvo Pärt)



Le lendemain, après avoir sombré dans un sommeil agité jusqu’en milieu de matinée, Maëlle est réveillée par le manque, elle se lève et se sniffe illico une ligne de cire, prend sa besace avec des vêtements propres dedans, et un bout de viande séchée qu’elle graille en chemin vers le dispensaire, sans oublier de faire un crochet indispensable aux douches où elle se lave et se change de la tête aux pieds, sésame indispensable pour accéder aux blessés. Elle qui était dans un état de saleté innommable revit un peu.

Au dispensaire, elle voit enfin Pamela, Marve, Franck, une quinzaine de minutes chacun maximum, ils sont épuisés et il ne faut surtout pas les affaiblir plus.
Elle partage avec eux quelques paroles, quelques gestes de douceur et de tendresse, de la présence, voire des caresses et des baisers…
Elle leur demande s’ils ont besoin de quelque chose, et regarde quelles sont leurs blessures. Elle se veut la plus rassurante possible, et leur dit qu’elle va repasser les voir fréquemment, plusieurs fois par jour, autant que faire se peut.

(hrp = discussions avec les personnages concernés s’ils le veulent, plus loin, dans la suite de ce rp collectif)

Ensuite, étant donné qu’elle a été relevée de son rôle de garde, la revoilà libre et elle propose alors son aide au docteur, ce qui lui permet de se rendre utile et de voir les autres blessés à tour de rôle.
Avant la Bombe, elle a été infirmière pendant une dizaine d’années et a encore des connaissances basiques suffisantes, même si elle ne les a quasiment pas pratiquées depuis deux années, même si sa spécialité était dans la réanimation néonatale…

Mais avant de se joindre au personnel soignant, et après s’être assurée auprès du docteur qu’il n’est pas complètement débordé comme la veille, elle lui demande une faveur, qui lui est accordée : elle veut passer voir les morts et, si elle en trouve la force suffisante, s’en occuper. Cela aussi sera utile car d’après ce qu’elle apprend auprès de lui, rien n’a été fait pour eux depuis qu’ils ont été déposés dans la pièce la plus froide qu’on ait pu trouver, et ils vont devoir très bientôt être enterrés.







Elle se munit de chiffons usés mais propres, d’une bassine et d’un grand nombre de gourdes d’eau, puis se rend jusqu’à leur chevet, où elle pose le tout.
Et après une récolte des renseignements nécessaires, elle effectue plusieurs aller-retour entre leurs lieux de vie et la salle mortuaire pour y apporter de leurs vêtements personnels et des draps.


Lorsqu’elle arrive dans la pièce dépouillée qui sert autant de morgue que de chapelle ardente, celle-ci est déjà légèrement éclairée par une lanterne tempête mise en veilleuse ; une fois qu’elle a amené tout ce dont elle va avoir besoin, elle en allume une seconde, qu’elle emporte avec elle.

La pièce est fraîche mais dans les secondes qui suivent c’est une sensation de froideur intense qui la saisit.

Elle est seule.
Et elle ne l’est pas.
Parmi tous ces corps.
Parmi tous ces morts.

Surtout ne pas trop se donner le temps de penser. Pas maintenant. Pas de suite.

Une ligne de cire… et elle se met à cette tâche aussi triste que nécessaire.

Elle lave leurs visages soigneusement, avec délicatesse, telle qu’elle s’y prendrait s’ils étaient encore vivants, et nettoie ensuite leurs blessures corporelles, puis lave le reste de leurs corps et les rhabille avec leurs vêtements propres, ce qui est tout sauf aisé puisque les corps sont rigides. Pour finir, une fois prêts, elle les tire jusqu’à pouvoir les allonger sur un drap propre plié.
Elle commence par les personnes qu’elle connaissait peu. Lorsqu’elle change de corps, elle change de tissu pour les laver. Pour les avoir tous aperçus à la taverne, elle connaît leurs identités et s’est arrangée pour ne pas s’emmêler avec les vêtements, ne pas se tromper. Dans son état aussi perturbé par les toxines encore présentes dans son corps et qui ont failli avoir raison de sa vie quelques jours seulement auparavant, et l’évènement tragique avec ses terribles conséquences qui l’ont amenée ici, devant ces êtres dont l’apparence habituelle est dénaturée par les blessures et la mort qui les ont frappés, elle se concentre exclusivement sur ce qu’elle est venue accomplir et qui doit l’être…. Il n’y a dans son acte aucune idéologie ou influence religieuse. Elle le fait par amour de la vie, de ces personnes qui furent vivantes et ne le sont plus.

Sans réfléchir ou se poser véritablement de questions, selon la personne à qui elle a affaire, pendant le moment où elle s’occupe d’elle, elle a toujours quelque pensée qui vient à poindre, souvent anodine mais propre à cette personne-là, un souvenir, une pensée due à ce qu’elle perçoit de la personne dans l’instant… Elle se raccroche instinctivement à ce qu’elle peut, sans se détourner, sans se fourvoyer, prenant ce qui vient, établissant une étrange relation.


Une ligne de cire supplémentaire et plusieurs heures plus tard, alors que la fin de l’après-midi approche, elle arrive sur les trois personnes qui lui étaient plus proches, non pas forcément parce qu’elle les connaissait beaucoup mieux, mais parce que de ce qu’elle connaissait d’eux elle ressentait une affinité particulière envers elles. Elle s’en sentait plus proche voire l’était vraiment, sans qu’eux-mêmes ne l’aient pour autant jamais su…

Pas eu le temps de le leur dire ?
De leur dire à quel point elle les aimait !

On ne dit jamais…
Aux personnes que l’on aime, on ne dit jamais trop ô combien justement on les aime.


Au premier des trois dont elle s’occupe alors… elle a pourtant eu le temps de le lui dire au moins une fois, quelques lunes seulement après son arrivée à Oilean Thorai. Par une nuit de tempête estivale aux pluies très acides. Elle le lui avait certes dit maladroitement, mais sincèrement et sans détour, pénétrant chez lui sans même frapper avant à sa porte, voulant lui faire une surprise, un cadeau… et avait été reçu avec une plus mordante acidité que ne l’était la pluie elle-même.

Otis…

Elle ne lui en avait pas tenu rigueur, continuant à apprécier certains traits de caractère de l’homme, mais s’en tenant à une distance plus raisonnable et protectrice d’elle-même.

(https://bob-fract.forumgaming.fr/t550-to-talk-to-another-one-or-not-to-talk-to-another-one)

Cette fois-ci elle le voit nu, et c’eut été préférable pour tous deux que ce soit en d’autres circonstances. Son corps est celui d’un homme mort sous une volée de balles de gros calibre. Pour elle, ne serait-ce que suite aux pas qu’elle avait franchis pour aller vers lui, elle éprouve une certaine proximité et familiarité qui font qu’elle le regarde simplement, comme si elle l’avait déjà vu ainsi dénudé. Fut-il beau, il ne l’est plus vraiment. Comment pourrait-on voir une œuvre divine dans le résultat de ces perforations exécutées à même la fleur de sa chair et qui lui ont ôtée la vie ?

« Dieu est amour »… A peine a-t-elle cette pensée qui lui traverse l’esprit qu’une autre s’enchaîne inconsciemment, fusant à travers sa cervelle embrouillée : « Et mon cul ce n’est pas une motte de beurre salé où tu pourras tremper ton couteau rouillé pour la faire fondre, ô foutaise céleste ! »
Ca y est, elle pète les plombs… et après avoir eu plusieurs fois les larmes aux yeux, elle craque et se met à pleurer pour de bon alors qu’elle achève de l’habiller. Et comme s’il avait pu l’entendre penser, elle lui lâche en un murmure, tout en lui caressant une joue, et lui réajustant ses cheveux :

- Mais non, ce n’est pas à toi que je dirais ça mon chou, tu le sais bien hein ?...


Un dernier regard mouillé…


Puis elle passe sur le suivant… et essuie ses larmes, en se reprenant et se contenant.


Zemin.

Un homme discret, humble, honorable, sage et droit, considéré dans la communauté, qu’elle respectait grandement, et qui l’intimidait.

Elle avait songé à lui demander de lui apprendre à se servir des sabres que lui avait offert l’Amiral. Mais très vite, elle avait laissé tomber cette idée somme toute farfelue. Ces armes furent celles d’un samouraï, et elle n’en était certainement pas digne. Elle pensa alors les lui offrir à son tour, mais n’osa pas par peur de décevoir Marve, voire de le contrarier.
Tout cela était dans le fond bien secondaire.

Il est là.
Mort.
Et le daishô n’y changera rien.

C’est curieux : à ses yeux, même mort il a encore de la prestance et reste charismatique.
Elle ne sait pas pourquoi, et ne veut sans doute pas le savoir, mais elle est presque gênée de le voir nu, lui.

Si.
Elle le sait.
Il aurait pu être un amant.
Il aurait pu…
Lui, ne l’aura jamais su ni même deviné, elle s’en est bien dissimulée.

Nouvelles larmes alors qu’elle l’essuie et le rhabille, larmes qui ne s’arrêtent plus, ne s’arrêtent plus, elle a du mal, prend plus de temps, s’acharne à continuer, surtout ne pas s’accorder de pause ou elle ne pourra sûrement pas reprendre, le chaos de ses émotions la submerge et déborde.

Et la voilà bouleversée, le visage et les yeux rougis par ses pleurs, s’essuyant d’un revers de manche son nez qui s’est mis à couler abondamment.


Ne reste plus que lui…


Lui.


Elle ne sait pas comment l’accoster. Comme lors de ces dernières semaines, passant de temps en temps dans son lieu privilégié, espérant y trouver une affiche annonçant ce qu’elle attendait avec impatience, et où elle finit par l’y rencontrer en personne il y a de cela une lune à peine seulement avant l’attaque… hélas.

Elle l’avait enfin abordé, lui confiant son admiration pour la beauté de ce lieu, sans lui dire plus clairement qu’à ses yeux elle était le reflet fidèle et significatif de son âme poétique et de sa fibre artistique.
Elle lui avait ensuite proposé, prétexte peu subtil pour le côtoyer et pouvant passer pour une prétention, de danser brièvement en entracte de son spectacle, dont elle avait eu quelque écho de sa difficile gestation, et qu’elle voulait voir aboutir, ce projet et son créateur lui tenant vraiment à cœur...

A cœur…

A corps…

Et à cri…


Lui ?
Il aurait pu être un amant…
Il aurait pu être un amour…
Elle le sait.
Elle ne le sait que trop bien à présent…
A présent qu’elle a si mal de le voir là, étendu à jamais.

Envie.
De lui faire l’amour.
De faire l’amour avec lui.
De pouvoir l’aimer.
L’aimer.

S’il fut encore vivant…

Envie…

De HURLER à s’en rompre les cordes vocales, jusqu’à plus de souffle.


Pleure, pleure encore.

Lui laver le visage.

Pleure tout ton saoul.

Le déshabiller.

Pleure, tu pleures tant que tu te mets à saigner du nez.

Lui laver les plaies, le reste du corps.

Pleure, pleure, folle, folle que tu es.

Change de tissu.
Essuie.
Habille-le…

Voilà…


C’est fini.


Fini fini fini fini fini fini fini fini fini fini fini fini fini fini …


Elle est à genoux, le regarde longuement, et ses sanglots font une courte pause.

Elle éteint sa lanterne.

Ne reste plus que la lueur éthérée de la lanterne tempête en veilleuse qui était déjà allumée lors de son arrivée…

Elle prend délicatement le visage de celui que l’on surnommait Fozzie entre ses mains et se met à le couvrir de baisers tout en se remettant à pleurer, pleurer à chaudes larmes, chaudes et vivantes, et qui s’en vont mourir sur son visage, pour la première et la dernière fois…
Le visage du poète, parsemé de larmes de Maëlle… On pourrait croire qu’il a pleuré.

Elle voudrait le réchauffer, le réveiller de cet atroce cauchemar…

Et, tout en faisant cela, elle se met à lui parler en divaguant, entrecoupant le flot de ses pensées et paroles mêlées par des baisers légers et rapides, tout en lui caressant par instants le visage et les cheveux avec ses mains :

- Pardon ! pardon ! oooooh pardon ! pardonne-moi ! pardonne-moi ! comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte à ce point-là ? pourquoi ai-je tant attendue ? pourquoi n’ai-je pas osée ? je ne pouvais penser un seul instant que tu pourrais mourir, je me donnais le temps, je me disais que ce n’était qu’une question de temps, que les circonstances viendraient d’elles-mêmes, ou que le courage me viendrait… je ne sais pas… je ne sais plus… je ne sais plus… oooh pourquoi, pourquoi… j’attendais ta pièce, je l’ai tant attendue !… ton théâtre est si beau !… tu es si beau…… ne me laisse pas seule !… pardon !… ooh pardon… comment ai-je pu te laisser seul ?!?… mais comment ai-je pu cela… mon Coeur, mon doux chéri…… toi, si gentil, si doux… tu n’étais pas un guerrier… tu n’étais pas fait pour te battre… pas plus que moi !… aurais-je pu te sauver ?… j’aurais dû tenter… tout tenter…
J’étais égarée… Peut-être n’aurais-tu pas voulu de moi… Toi aussi tu avais bien caché ton jeu hein ? J’ai mis du temps avant de te reconnaître…
C’est moi… qui aurait dû être là aujourd’hui…
Moi…
Je veux qu’on baise sur ma tombe…
Toi… Toi qui es là et ne l’est plus…
Qu’importe… qu’importe l’à venir à présent…

Qu’importe ?…
Non !…
Merci… oui, merci à toi mon cher Sujet… toi aussi, tu m’as sauvé la vie… merci… pour tout… tout ce que tu as donné… tout ce que tu fus… et qui vit encore en nous… nous qui t’aimions… nous qui t’aimons…

Lors des dernières phrases, elle se calme un petit peu, ses mots se raréfient, s’espacent, ses baisers aussi… puis elle se redresse sur ses genoux en le fixant toujours du regard, essuie les larmes et lui caresse les cheveux. Son visage est si froid, elle en ressent encore la morsure sur ses lèvres.



Jusqu’au silence immobile, seulement troublé par sa respiration encore rapide et le tremblement de la lueur de la lanterne qui se joue d’elle en projetant son ombre vibrante sur les murs…

…ce qu’elle aperçoit soudainement, et la fige…

…tandis que sa silhouette frisonne toujours, bercée par la source de lumière continuant indifféremment sa danse improvisée…

Sombre théâtre d’ombres et de lumière pour une funeste représentation dont elle est l’unique spectatrice…



Elle est glacée jusqu’aux os. Et vidée jusqu’au cœur de sa chair.


Elle verse un ultime baiser de lèvres à lèvres en fermant les yeux… et se lève puis sort tel un fantôme.


Dehors comme en elle-même, la nuit est venue et la recouvre entièrement d’une lourde chape de plomb.


Il est près de 21 heures quand elle passe au dispensaire voir le docteur, juste pour lui dire qu’elle a fait ce qu’il fallait, et qu’elle viendra demain matin pour aider, comme prévu.
A voir son visage blanc comme neige aux yeux encore rougis par les pleurs, le docteur ne lui demande aucun détail. Elle ne fera rien de plus ce soir.

Elle rentre jusqu’au hangar comme un automate suivant des rails, mais elle vacille à chaque pas.
Pousse la porte.
La repousse derrière elle.
Monte l’escabeau à quatre pattes et se vautre sous les couvertures.






Pendant la nuit, elle a un étrange rêve, résurgence d’un film d’animation vu dans son enfance, et dont elle lui avait parlé…








(conte extrait de “Princes et princesses”, http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=22159.html)

Elle l'observa longuement puis poursuivit son interrogatoire :

Les blessés....vous...enfin...c'est vous qui m'avez recousu alors ?

Pam toujours tenant la couverture avait une foule d'images en tête, comment s'y était il prit....qu'avait -il fait....ses habits....son corps....
elle parut mal à l'aise, c'est le troisième homme qui avait du la voir en si petite tenue....
elle resserra la couverture et d'un coup avant même sa réponse elle lui dit

Merci

Pamela continuait de l'observer quand elle se prit à gigoter sur place pour chasser le froid qui s'emparait d'elle.

Je.... je...faut qu' j'aille m'habiller ....je...merci...merci encore.

Pourquoi avoir sauvé sa vie...alors que celle de ses hommes s'en était allée? ...pourquoi elle était toujours debout....et pas eux...

La jeune femme se dépêcha de monter dans son ex chambre dans le phare, personne n'était venu s'y installer... étrangement elle fut soulagée, puis elle se mit à chercher ce qu'elle avait laissé dans le placard.
Heureusement elle y retrouva un jeans et un haut blanc en meilleur état que le précédent.
Une fois vêtue son regard tomba sur un poste de radio encore en état sur une table en bois qui avait été posée là en attendant de servir ailleurs.

Il y avait donc eu du passage tout de même.

Pamela traîna un tabouret et s'assit face à la radio.

Les secondes s'écoulèrent... les minutes passèrent, se succédant en quart d'heures, puis finalement elle leva la main vers le bouton et trifouilla pour trouver une fréquence....

Elle avait en elle une rage qui lui brûlait les entrailles, une incompréhension, un chagrin et une douleur sans nom....
Elle voulait des réponses... et elle les aurait !

Après quelques minutes elle finit par avoir une onde, un peu faiblarde, grésillante, mais c'était toujours mieux que rien.

D'une voix froide mais qui tremblait malgré elle, elle parla :

"Ici Pamela, des Fomoires, Capitaine du groupe des Piranhas, je voudrai parler à..."

elle chercha à se remémorer le nom du boucher en question

"un certain Ak .... Akre...... Akrelbyr ! c'est ça !"

Puis elle attendit d'avoir une réponse.