Retrouvailles

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

La TAVERNE NEO TAZ

Retrouvailles Batflesh

Voilà l'endroit qu'on lui avait indiqué, le coin réservé aux Flesh dans le bled d'Oilean.

Elodie pousse la porte, entre et lance un "Salut !" sans même regarder qui est là. C'est le décor qui l'interpelle d'avantage. Un retour "à la maison" de l'enfant fugueur ?

Une esquisse de sourire, avant de reprendre son sérieux.

Coin Flesh.

Il y fait meilleur que dedans où le cagnard assomme. L'air est lourd mais les ouvertures laissent entrer la fraicheur de l'eau. Bref, la température y est relativement supportable.

Nouanda est installée à une table, elle dessine sur un cahier que lui a passé le Serbe. Plaisir qu'elle a découvert grâce à l'affiche faite pour Fozzie et son théâtre. Oui, elle fait ça pour rien, comme ça, juste pour le plaisir de découvrir ce que ses mains peuvent créer.

À l'entrée de la tête rousse, elle relève la sienne de son ouvrage et esquisse un sourire poli.

- Salut... Tu es ?

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Une voix répond. Un instant de surprise. Elle s'attendait à une autre voix. Une voix connue. Elle se tourne vers la jeune femme.

- Moi ? Elodie. Et toi ?

On fait dans la politesse. C'est le plus facile.

- C'est bien le repère des Flesh and Blood ici ? On a des chances de trouver qui on veut ici ?

Donc ça n'est pas Gouache, cette tête rousse là. Ce qui veut dire qu'il s'agit de celle qu'est arrivée par bateau, Elle avait regardé, de loin, leur arrivée, entendu le coup de feu alors qu'elle était dans la tour à observer les alentours, et son attention s'était tout naturellement portée sur le quai ensuite. Surtout que Jess et Haar s'y trouvaient.

- Je suis Nouanda.

Sûr que ça lui permet autant de situer sa tronche que lorsqu'Elodie lui a balancé son prénom. Cool, elles savent qui elles sont, du moins leurs noms.

- C'est bien leur coin, oui.

Toujours cette habitude de parler des Flesh comme si elle n'en faisait pas partie... Faut dire que question intégration, elle ne faisait pas tant d'efforts.

- Cela doit pouvoir se faire, tu cherches ?

*Elle cherche ton homme voyons, tu le sais bien.* Et hop, la Voix et son poison, oui, elle le savait bien, la brune, mais elle ne marqua aucune réaction quand elle retentit dans sa tête, encore. Elle avait décidé de l'ignorer (la Voix dans sa tête, pas Elodie ^^), pour l'heure, c'était la meilleure chose à faire.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Elle dérange ? Echange froid sans détail. Au moins Elodie se préserve, c'est ce qu'elle voulait, le moins d'implication personnelle possible. Son interlocutrice n'apporte rien de plus. Ce n'est pas elle qui l'intéresse, alors qu'importe.

La nécessité de vérifier ce qui entoure pour éviter les mauvaises surprises, un réflexe qu'on oublie trop vite quand on est posé dans une ville. Pourtant... Nouanda était occupée à son arrivée, à quoi ? Elodie repère le cahier sur la table, des dessins. Un raccourci de vie qui balance aux ordures la curiosité, la politesse, l'indifférence.

Combien de cahiers ?
Combien de dessins ?
Combien de mots envahissants l'être et qui appartiennent à quelqu'un d'autre ?

Regard, les yeux dans les yeux, mais pas un regard d'humain à humain. Regard, les yeux dans les yeux, d'âme à âme.

Les paroles paraissent alors absurdes, comme un nez de clown posé sur le visage d'un mort à son enterrement.

- Je cherche ceux qui vivaient à Fall Point.

Et parce que l'âme a bien plus de blessures que le corps...

- Tu dessines quoi ?

Fall Point... Elle en avait entendu parler, la brune, pas grand chose, quelques allusions, quelques souvenirs, des bribes par ci par là, comme le tatouage de Vanessa et le nez pété de Kristen... Le Serbe restait bien silencieux pour son passé et Nouanda n'osait pas trop lui tirer les vers du nez, faut dire qu'elle avait tendance à poser "la" question, sur le détail qui dérangeait, chaque fois, donc bon...

- Ils ne sont pas loin, devraient pas tarder.

On lui a reproché sa froideur, puis le fait qu'elle veuille se rapprocher... Mais le regard qu'elles se portent, ce regard, lui fait ressentir qu'elle a le droit de sourire, un peu, naturellement. Un regard croisé, sans faux semblant, une âme qui parle à l'autre.

Elle n'est pas bien vieille, son interlocutrice, pas beaucoup plus jeune qu'elle non plus, mais elle a vécu, déjà, l'âme parait plus âgée que ne le montre le corps de la rousse.

Elle lui tend son cahier, quelques dizaines de pages sont couvertes, à peine, cela fait peu de temps qu'elle s'essaie au dessin.

- Milo, Taz, les Flesh...

Des bouts de gens, reconnaissables pour qui les connait. Ici la main du Serbe, là sa cicatrice, encore autre part ses tatouages, sans erreur. Les premiers dessins sont hésitants, on voit que le coup de crayon est venu vite, comme si elle avait été aidée. Là, la gueule de Taz, ses pattes, le trop rare sourire de Kristen, un vrai, franc, le tatouage de Vanessa, ses brûlures... Non, Barbie n'a pas vu ça... Le crochet d'Ivy y est aussi, ainsi que ses marques, les doigts de Saki, la tronche de Juan aussi... Tous y sont passés, jusqu'aux prises de Haar, et son oeil modifié.

Elle les connait bien, ces corps et ces gueules, elle les a bien plus observés qu'il n'y parait, bien plus observés qu'elle ne leur a causé, d'ailleurs, pour la plupart. Et puis elle triche, un truc lui garde les images nettes dans le crâne, les souvenirs ne s'estompent pas depuis qu'elle est sortie de son complexe.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Vanessa, Kristen, Saki, Juan, Uggly, Taz... Chacun des visages est resté en mémoire. Les croquis montrés commencent à la dérider. Un sourire. Des sourires. Des mots.

- Cool !... Ah oui, bien !....

Une grimace.

- Goinfre !

Elle montre ses dents et grogne à l'image de l'animal. Un éclat de rire.

Et puis elle s'attarde sur...

Son doigt se pose sur la feuille de papier et suit un contour, un tatouage, une cicatrice. Le visage de Jess en deux dimensions, ses doigts le sentent en trois. Elle ferme le poing et recule. De nouveau de la distance, ne pas laisser la place pour le moindre fantôme.

- Ben, j'vais peut-être pas attendre s'ils sont occupés. Et puis tu dois avoir des tonnes de choses à faire et moi aussi.

Les réactions d'Elodie vis à vis des croquis l'amusent et, il faut l'avouer, lui font plaisir. Si elle reconnait chacun c'est que Nouanda n'est pas si mauvaise, faut croire. La rousse s'attarde un peu trop sur ceux du Serbe au goût de l'Asiatique qui, pourtant, ne dit rien. Faut dire que ce sont les plus réussis, ceux dont elle connait le mieux le sujet, ceux pour lesquels elle met le plus de coeur à l'ouvrage.

Elle ne dit rien, et songe. Ferait-elle partie de ces fantômes du passé ? Possible... Elle pousse un léger soupir, commençant bien malgré elle à s'habituer aux femmes qui tournent ou ont tourné autour de Jess.

Elle sourit, pourtant, sincère d'ailleurs.

- Tu veux me faire croire que t'es venue ici pour ne finalement pas les voir ? Me la fais pas à moi.

Elle se lève, se plante à côté de la jeune femme.

- Bon, et sinon, à part Elodie, t'es qui ? Et tu bois quoi ?

Wouhou ! Miracle ! Une Nouanda qui lance une conversation d'elle-même ! Sûr que ça doit faire grave plaisir à son interlocutrice, ça, elle qui voulait se barrer...

Tout Nounou, ça, toujours prête à rendre service aux gens... Même malgré eux.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Elle hausse les épaules.

- Si j'les voit pas aujourd'hui j'les verrai demain, ou après demain, on est pas reparti encore.

Elle entre-mêle ses doigts, elle baisse la tête, elle les observe, ils deviennent son point de repère un moment.

- Même pas dit qu'il veuille me r'voir avec l'accueil que j'lui ai servi sur le quai.

Quand elle relève la tête, Nouanda est debout près d'elle.

- De l'eau. Coyote.

Réponse dans le désordre. Peu faire mieux. Petit sourire en coin. Bon va falloir meubler la discussion s'il faut attendre et commencer par développer davantage les phrases.

- J'fais partie d'un groupe de nomades qui s'appelle les Coyotes. On est là pour faire du commerce. On est arrivé y'a pas longtemps.

Elle secoue la tête négligement.

- Un verre d'eau ça me convient parfaitement.

Ses mains plongent dans les poches de son pantalon.

- On reste encore... ouais en faite, je sais pas combien de temps on reste. Le moins longtemps possible j'espère.

Pas de questions même si son regard attend que l'asiatique se mette à son tour au développement de cette conversation passionnante.

Voilà qui était mieux, la jeune femme acceptait l'invitation et commençait à se la jouer civilisée.
Nouanda, détendue, alla lui chercher un verre d'eau relativement fraiche (le verre était propre, c'était déjà un bon point !) et le déposa devant elle.

- Je vous ai vus, sur le quai, oui. Nous n'en avons pas parlé, donc je ne peux pas te dire quelle sera sa réaction.

T'façons, en voulait elle, de son avis, au moins ? Pas sûr, plutôt sûr que non en fait, pas grave, la brune était une habituée des choses dites dont les gens se foutaient éperdument.

- Les Coyotes...

Bon, elle le savait déjà, mais c'était tout ce qu'elle savait en fait, ça et que Haar s'était bien crevé le cul à décharger leur caillasse.

- Je marche avec les Flesh depuis un bon paquet de lunes maintenant, j'suis arrivée avec Haarbald, le blond qui a vidé ton voilier.

Elle plisse le nez, un peu, une question lui vient à l'esprit, qu'elle ne sait trop comment formuler sans brusquer la personne qui lui fait face ( Oui, après avoir servi son verre d'eau à Elodie, la brune s'est rassise. Oui, bon, je ne l'avais pas dit... m'enfin écrit, et alors ? ). Comme en général les paroles lui viennent souvent avant d'avoir réellement réfléchi, elle enchaine.

- J'suis bien avec eux, (non, les embrouilles ça compte pas, globalement, elle est bien avec eux.), j'ai une vie digne d'intérêt depuis que je les ai rencontrés. J'comprends pas comment on peut avoir envie de les quitter. Genre toi, tu marchais avec eux, non ? Pourquoi tu n'y es plus ?
...
Et pourquoi tu espères repartir vite ?

Par "eux", comprendre "lui", mais quand même, elle se retient, voyons, puis elle est curieuse, faudrait qu'Elodie lui réponde, pas qu'elle se barre, comme ça.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Installées à la table, elles sont prêtes à jouer à la dinette en conversant gentiment. Elles n'ont plus l'âge ? Le lieu ne prête pas à ce genre d'activité ? Alors un jeu de questions-réponses.

- Haarbald ? Ah oui. Il est gentil. Il a aidé à décharger les voiliers effectivement. Il en abat du boulot. On a mis des jours à les remplir, enfin pas qu'à les remplir, il a fallu casser les cailloux avant. Tout déchargé en une journée. Costaud.

Elle est bien avec les Flesh, tant mieux pour elle ! Elle ne comprend pas qu'on puisse quitter les Flesh, qu'on puisse quitter Jess ?

- Genre... la gamine on lui offre un toit, pour le reste elle est naïve, tout passera comme une lettre à la boite.

Pensive un instant, elle poursuit sur le même ton.

- Genre... nous les grands, les forts, on se casse en sous-marin, la gamine on la laisse sur le quai, elle viendra avec les bagages.

Elle fixe du regard Nouanda.

- On n'avait pas les mêmes raisons de vivre, et encore moins les mêmes raisons de mourir. J'ai jamais été une Flesh. Nos chemins se sont croisés un jour, ils se sont séparés un autre.

Elle vide le verre d'un trait.

- J'aime pas les villes, j'aime pas les murs, j'aime pas être enfermée, je supporte pas.

Le verre tourne entre ses doigts.

- Entre quat' murs, j'ai l'impression d'être entre quat' planches, dans un cercueil en train de pourrir, de me faire bouffer par des vers, de tomber en lambeaux.

Est-ce un sourire qu'elle adresse à Nouanda, cette étrange expression sur le visage ?

- T'es cap' d'imaginer cette sensation ? Se faire bouffer par les vers ? J'les sens bouger sous ma peau.

Et puisqu'elle a commencé les questions.

- Tu aimes bien être ici ? Dans cette ville ? Dans cette cabane ? A servir des verres d'eau à des inconnues ? Tu aimes bien être avec les Flesh ? Tu aimes bien les Flesh ? Tu aimes bien un Flesh ?

Aux réponses d'Elodie, Nouanda hoche doucement la tête, elle ne saisit pas tout, ne connaissant pas vraiment tout du passé des Flesh, ne connaissant en fait pratiquement rien. Bien sûr, elle a entendu parler du sous marin, du manoir, mais quelques détails, rien de plus.

- J'ai vécu toute ma vie enfermée, je n'ai découvert l'extérieur que peu de temps avant de rencontrer les Flesh, dix, quinze lunes à tout casser. Ce qui fait que je supporte plutôt bien d'être là, même si je préférerais être dehors à arpenter le Fract.

Et d'une question, une !

- Les vers sous la peau ? L'impression de pourrir ? J'sais pas... Tu crois que ce qui se passe dans ta tête à ce niveau donnerait un goût d'avarié à ta viande ?

Mauvais réflexe... Un bout de temps qu'elle n'a pas bouffé de viande, Nouanda, ça se ressent, une faim latente qui la taraude parfois, surtout si on amène le sujet sur la table... Genre elle parlait de viande, la rousse.

- M'enfin... Euh...

Elle demandait quoi d'autre, déjà ? Ah, oui...

- J'fais... J'fais partie des Flesh, même si ça défrise Kristen, pour elle, je ne suis entrée dans le groupe que parce que je couche avec Jess... Comme s'il n'y avait que ça... Donc oui, j'aime bien les Flesh et un en particulier.

Elle cause comme si elle était seule, sans vraiment prendre garde à la jeune femme en face d'elle, un léger sourire aux lèvres.

- Tu vas faire quoi en repartant ? C'est bien de voyager sur la flotte ? J'ai jamais fait.

Passer du coq à l'âne, une de ses spécialités, à Nounou, en sus de foutre les pieds dans le plat et de raconter des trucs dont les gens n'ont rien à foutre.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Elodie se montre étonnée quand Nouanda se préoccupe de viande avariée. Par contre Kristen ! Ah Kristen ! Que du normal ! Du normal aussi quand l'asiatique annonce couchée avec Jess ? Un regard fixe. Un sourire en coin de plus en plus prononcé. Une pointe de sadisme.

Nouanda est passée depuis longtemps au voyage maritime quand Elodie éclate de rire. Elle s'arrête net et se penche vers son interlocutrice avec un sérieux extrême.

- J'crois que tu as le profil qu'il apprécie. Jeune, jolie, beaucoup d'espace vide dans la tête pour y loger tout un univers.

Elle recule pour reprendre sa position initiale.

- On peut avoir d'autre eau ?

Elle pousse son verre vers Nouanda en prenant une grande respiration.

- Je ne connais pas encore le programme après le départ. Déjà faut voir ici. Ma direction dépendra de plusieurs choses. Déjà si Jess a le colis dont il a été question par radio, s'il me le donne, et à voir ce qu'il y a dedans. Dépendra aussi des contrats de travail des Coyotes.

De la douceur dans ses paroles. Le sujet ne la laisse pas indifférente, ses yeux brillent légèrement. Il est clair que ce colis jouera sur son avenir.

Le rire de la rousse la sort des pensées où elle s’était plongée face au silence de la jeune femme. Un sourcil s’arque, elle écoute avec un sourire en coin grandissant. Pas qu’elle prenne ses mots comme un compliment – Nouanda est certes naïve, mais faut pas pousser quand même – juste que ça lui semble comme un remake d’un dialogue auquel elle a déjà participé. Dialogue qui s’était conclu sur une constatation simple, la jalousie rend mauvais.

La brune ne répond rien à ce propos, d’un autre côté c’est un peu vrai. Elle est jeune et jolie, et ne connaît pas grand-chose au monde extérieur. Par contre, pour tout ce qui est données militaires obsolètes, elle s’y connaît… Faudrait juste qu’elle accepte la mise à jour et elle serait au top. Elle a la tête bien trop pleine à son goût, d’ailleurs, Third prend une place conséquente. Quant à l’univers à loger dans son crâne… N’est-ce pas ce qu’elle a demandé au Serbe ?

Latence tandis qu’elle verse à nouveau à boire à Elodie, son sourire en coin étiré en une moue ironique. Elle attend la suite, se sert également. Boit, tant qu’à être servie, autant boire. Elle écoute, tranquillement.

- En gros, tu sais pas ce que tu vas faire… C’est quoi ce colis ? Sûr, si Jess t’a dit qu’il l’avait et te le donnerait, il le fera.

Tant de confiance dans ses paroles, naïve, presque, faut dire que Milo ne lui a jamais fait faux bond, alors…

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Elodie fronce les sourcils au dire de Nouanda.

- C'est quelque chose qui vient de mon père. Il devait passer dans plusieurs mains pour arriver jusque là. C'est précieux ce paquet. Je ne sais pas ce qu'il y a dedans.

Elle soupire.

- J'espère que c'est quelque chose qui me permettra de le retrouver. Depuis l'temps que j'le cherche. J'ai plus que lui... enfin... même si je suis pas totalement sûre, mais c'est dans les probabilités plus que certaines.

Elle garde le silence un instant.

- Tu as de la famille ?

Un rire.

- J'parle pas de la communauté tribale des Flesh.

Elle poursuit sérieusement.

- J'parle de vraie famille, père, mère, frère, soeur, cousins, tu vois ce que je veux dire ?

- De la famille...

Nouanda a écouté attentivement la jeune femme qui lui fait face, elle la scrute, sent la douleur de l'absence de son père, douleur qu'elle n'aurait pu comprendre auparavant, avant d'avoir une attache, avant de savoir qu'elle a de la famille, aussi.

- C'est une longue histoire... En général, ça lasse... Je peux te la faire en résumé, si tu veux.>

La question de la rousse appelant à une réponse, elle poursuit sans attendre.

- En fait... En gros... En gros... J'ai une soeur, qu'est pas loin d'ailleurs, je l'ai découvert par hasard, un soir, une visite d'un groupe, la soeur d'un ancien Flesh, je crois... Bref. Tout à coup, j'ai su, Third m'a dit qui elle était quand elle a prononcé son nom. Third m'a dit aussi que sa... notre mère était morte.

La brune parle de la mort de sa mère avec détachement.

- Donc, pour répondre à ta question, oui, j'ai de la famille.

Un sourire, léger, une autre page sur le carnet est montrée, sa frangine.

- Tu l'as perdu de vue quand, ton père ?

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Un tour... un tour de plus à chercher Uggly en lisière de forêt.
Rien. L'irradié avait disparu. Pas moyen de remettre la main dessus. Il y avait bien des traces de ses passages et des restes de nourriture mais "n'a qu'un oeil" restait caché pour des raisons obscures. C'était Uggly quoi...

Milosevik revient vers le port Fomoires et tombe sur Steeve qui lui apprend une nouvelle.
Une putain de nouvelle. Une dure. Une mauvaise. Une terrible. Une saloperie de nouvelle dont il s'en serait bien passé.
La Navajo était morte. Elle et toute son équipe.
Un coup des bâtards du Nord.
Enculés.
Dezba... sa Dezba.
Pas qu'elle non plus. Allez hop, direct réduit en caca en passant par le su-gastrique. Jacks le barbier... bon gars. Torturé mais enrichissant. Raoul... l'étrange ancien espion-prof. Darylle, ancienne de la Meute... et même Rose qui avait voyagé longtemps avec Saki pour rejoindre Fall Point. Tous morts.
Fils de putes.
Le Serbe fronce anormalement les sourcils et hoche de la tête aux nouvelles de son ami. Il tapote sur son épaule et s'en va à la réserve de l'équipe.
Il ne voulait rien montrer à quiconque. Ne rien laisser apparaitre. Sa tristesse, son malêtre. Sa faiblesse d’apprécier plus que cela des êtres vivants.
Le Serbe ouvre le cadenas à l'aide d'une clef et s'en va prendre des petites choses pour supporter cette merde dans sa tête.
Raclures de merde.

Jess range dans un sac sa camelote et referme la réserve. Il retourne à la taverne qu'il avait travaillé plusieurs semaines auparavant.
Passage par l'arrière pour être discret. Il déplace Taz dans une autre pièce... va voir si la Zombie est toujours attachée et va mettre un morceau de musique au poste trafiqué. https://youtu.be/2shxcirlcck

Jess na savait pas encore qu'il y avait du monde quelques pièces plus loin. De leur coté c'était de même puisque les écouteurs étaient de mises.
Le tatoué sort une bouteille de Vodka et boit à grandes gorgées. Il secoue la tête de haut en bas au rythme de la batterie.
En peu de temps la moitié du liquide a disparu. La tête tourne mais c'est pas encore ça. Assez vite Milo sort un petit sachet.
Il dépose quelques grammes sur une surface plate et s'envoie une bonne dose.

Fin du morceau. Il reste un moment sans bouger... la tête en arrière, assis sur une chaise.
Quand il redresse la tête c'est pour afficher un visage serein. Calme. Traits du visage détendus... et une bonne envie de pisser.
Jess s'allume une roulée qu'il garde au coin des lèvres et va au trou prévu à cet effet. Celui d’éjecter les merdes du corps.
Il pisse donc.
Il entend aussi deux voix féminines dans la pièce à coté. Vu son état il ne capte pas qui.
Le balafré va donc voir.

Quand il arrive dans la pièce principale il découvre les deux femmes en train de papoter. Nouanda et Elodie.
Le passé, le présent et une qui l'aimait qui venait de se faire trucider.
La survie et sentiments mélangés.
Génial...

La cendre tombe quand il va se laver les mains et tente d'articuler tout de même avec la séche entre les dents.

- Elodie vient rendre visite...
Bonjour.

Mains propres il se les essuie et vient les rejoindre. Il retire sa roulée de la bouche, recrache la fumée vers le plafond et pose ses fesses sur un coin de table. Pour ceux qui le connaissent bien, les yeux du Serbe trahissent un état non habituel. Il s'adresse maintenant à Nouanda.

- Tu as fait connaissance avec mon ancienne femm... ma... heu... ancienne protégée ?
Que j'ai lâchement abandonné au port de Morte Mer...

Puis en regardant maintenant droit dans les yeux Elodie:

- Instructif ces années sans moi ?

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Elodie ne comprend pas l'histoire tarabiscotée de la découverte de la soeur, mais le résultat est là, Nouanda a une soeur et sa mère est morte. Elle veut savoir pour le père d'Elodie ?

- Pffou ! Longtemps, tellement longtemps. Dix ans, pour arrondir on va dire dix ans. Plus de la moitié de ma vie !

Une tristesse infinie.

- Il ne me reconnaitra pas et moi... les images que je garde de lui...

Elle secoue la tête dans une négative.

- J'sais pas, j'sais pas...

C'est là que le Serbe fait son entrée ! Réglé comme une montre suisse celui-là, c'est quand elle est déstabilisée qu'il s'arrange à venir ajouter son grain de sel. Le temps de prendre une grande respiration, de vider sa tête, pendant qu'il se lave les mains, pour lui servir du tact au tact quand il lui demande "Instructif ces années sans moi ?"

- Paisible ces années sans toi. J'ai dormi comme un loir toutes mes nuits. Etrange, n'est-ce pas ?

Elle sourit, Nouanda, elle sourit. Pas un sourire moqueur, non, bien loin de là. Pas un sourire de pitié non plus, juste un sourire. Un air de compréhension dans les yeux.

- Je n'ai pas connu ce manque vis à vis de ma famille... J'ai toujours vécue entourée de militaires et de scientifiques, pour moi c'était normal, la vie telle qu'elle est censée être. J'ai compris plus tard... Ma soeur, je l'aime bien, mais je ne la connais pas.

Regard qui se plante dans celui d'Elodie. Franc, le regard, quémandeur de réponses aussi.

- C'est comment, d'avoir un père ?

Non, la brune n'est pas une demeurée, juste qu'elle a la tête pleine de bien d'autres choses que le B.A.ba de la Vie. Et que tout ça, elle doit l'apprendre.

- Tu ne gardes pas une image précise des choses passées ? Tes souvenirs se mélangent et s'estompent ?

Léger froncement de sourcils... Elle capte à cet instant que ce qui rend la netteté à ses pensées, ses souvenirs, c'est juste Third, que sans elle, Nouanda serait aussi sujette aux affres de l'oubli et de la déformation que la jeune fille rousse qui parait un peut perdue. Elle hoche la tête pour elle même, saisissant les différences qui la séparent des gens dits normaux.

Soupir.

- Il faut garder l'espoir. Kristen avait perdu le sien pour Neil, et pourtant, il est revenu d'entre les zombies. Alors pourquoi tu ne retrouverais pas ton père ?

C'est là dessus que Jess arrive, la brune lui sourit, ses yeux pétillent du plaisir de sa venue, brillance qui s'estompe quand elle saisit qu'il y a quelque chose qui cloche. Elle incline la tête de côté, en silence, l'observe, sourcils froncés, à peine.

Pas vraiment de réaction au mot "femme" qui meurt dans la bouche du Serbe avant qu'il ne se reprenne. Juste un regard furtif vers celle avec qui elle parle depuis un moment maintenant. Ils parlent, elle les laisse dire, ne sachant trop que faire, n'ayant aucune envie de les laisser seuls, elle écoute, donc. Ressert un verre d'eau à Elodie, va chercher un verre vide pour Milo et le dépose accompagné d'une bouteille de vodka. Au choix, eau ou alcool, les deux sont de même couleur. Légère caresse, frôlement
tout juste perceptible dans son dos quand elle passe près de lui pour aller se rasseoir. Une façon pour elle de dire qu'elle est là, quoiqu'il lui arrive.

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Tellement ailleurs qu'il ne remarque même pas qu'il a coupé la conversation entre les deux jeunes femmes.
Il remarque tout de même le verre et les deux bouteilles que pousse Nouanda vers lui. Pour ce qui est des autres signes, il ne fait pas gaffe... loin d'imaginer le malaise que pourrait produire cette proximité entre deux anciens "complices" que sont Jess et Elodie. Mais pouvons nous parler de complicité pour leur passé en commun ?
Non... fort possible qu'il n'y ait pas de mot pour décrire leur relation passée... du moins du monde des vivants.

- J'imagine...
Elle est donc partie c'est ça ?

Il tourne la tête pour prendre la boisson quand sa main s'arrête devant un choix.
Milosevik penche la tête et sent rapidement. Il choisi l'alcool et s'en sert dans le verre. Un clin d’œil à Nouanda... chose inhabituelle.

- Merci.

Il cherchera du regard quelque chose autour du cou d'Elodie tout en se redressant.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Existe-t-il des certitudes tangibles pour parler de l'invisible, de l'au-delà, des liens entre les mondes ? Le coeur d'Elodie bat un peu plus fort en cette instant. N'est-ce que le sien ? Et l'infini douceur avec laquelle elle répond à Jess, n'est-elle le fait que d'elle-même ?

- Crois-tu qu'elle soit partie ? Toi, tu es parti. Elle est restée à regarder l'océan. J'avais pas moyen de lui dire combien de temps vous resteriez séparer. Et la séparation, elle l'avait déjà trop... subit. Elle savait trop bien ce que c'était. Alors quand j'ai décidé de bouger, elle a laissé faire et elle s'est tut. Elle se tait depuis ce moment-là.

Elle sort quelque chose de sa poche de pantalon. Elle le serre un moment dans sa main.

- Je sens sa chaleur. Je le sens vibrer. Je l'ai senti vibrer quand une rencontre s'est révélée possible.

Elle pose sa main sur la table et la pousse en direction de Jess. Elle fait glisser ses doigts à l'inverse et découvre le médaillon. Il est posé là, entre eux. A les unir. A les opposer. Elodie se tait, elle regarde le Serbe.

La mémoire en témoigne, personne ne part totalement. Là, est la certitude.

Elle baisse les yeux et timide lui demande :

- Et moi, Jess ? Si je mourrais, que resterait-il de moi ?

Léger sourire en réponse au clin d'oeil du Serbe, puis son attention se porte sur leurs propos échangés, sur leur gestuelle quasi invisible. Elle est envahie par la sensation d'être de trop à ce moment, mais ne peut se résoudre à les laisser seuls. Non, elle ne veut pas. Trop de choses entre eux, passées... Passées ? Le sont-elles vraiment ? Le poison du doute glisse dans ses veines et se répand, lui enserrant le bide, retournant ses tripes.

Elle ne dit rien, rien à dire, ils discutent entre eux, son regard passe de l'un à l'autre, s'attardant sur lui, longtemps, comprendre, savoir, ignorer.... L'ignorance peut être une bonne chose quand on ne se dit pas qu'on ignore quelque chose... Ses pensées sont confuses, elle est prête à demander à First si elle ne peut pas la déconnecter un instant pour lui repasser plus tard la scène en accéléré... Trop peu de mots, trop peu de choses dites, trop de.. trop de passé.

Un grincement de dents s'évade de ses lèvres closes, elle ne s'est pas rendue compte qu'elle était si tendue. L'air de rien, elle porte son verre vide à ses lèvres pour y boire du... du rien. Elle le repose.

Son regard se pose sur le médaillon.

Matelot Messages : 123 Date d'inscription : 05/07/2010

Aller hop... une réalité en pleine tête.
Il avait abandonné Elodie et Liz à Morte Mer. Tout ça pour préserver la gamine à l'époque. Ce départ sur le Black Shark avait pour but la guerre.
Le Serbe imaginait tout de même mal Elodie dans ce cercueil métallique avec les autres sodomites de Scarifiés. Le vieux fou, le borgne, la facho et l'autiste...
Milo se cherchait un tas d'excuses pour justifier cet abandon.

Il respire un bon coup et souffle vers le bas avant de relever la tête et tirer une nouvelle latte.
Que dire ? Que faire ? Que décider ou proposer à cette ex gamine devenue femme entre temps ? Milo n'en savait rien... enfin, il avait du mal à penser avec ce qu'il s'est envoyé. Il est bien quand même... merci la blanche.
C'est donc avec un sourire coincé sur le coté qu'il regarde le médaillon se promener sur la table.
Ses coudes vont se poser sur la même surface en même temps que la tronche du balafré se pointe devant l'objet si souvent porté.

- Hum...
Tu démissionnes Elodie ? Tu prends ta liberté hein...
Faut dire que je ne t'avais pas trop laissé le choix il y a cinq ans. Toute neuve, toute pure, toute innocente et perdue.
La fifille qui cherche son pap...

Ca lui revient d'un coup. La boite. La boite en bois renforcé. Celle que son père avait passé à Jurgen aux ruines des souterrains Nord... au tombeau de Seth.
Le Capitaine Norvégien était au rendez-vous... toujours à la recherche des aliens avec ses deux complices. Il lui avait remis le paquet.
Jess se redresse d'un coup et tape avec deux doigts sur la table avant de reprendre la parole et faire demi tour.

- Si c'est ton choix laisse le sur la table.
Si tu penses pouvoir encore lui rendre service... reprends le.
Je reviens.

Milosevik part dans la chambre ou est son sac à dos... très loin d'imaginer le malêtre de Nouanda face à cette situation qui la dépasse.
Il reviendra avec la boite de Bonnin pour sa fille.

Matelot Messages : 34 Date d'inscription : 23/12/2011

Il se moque, pourtant elle lui a donné beaucoup, plus que bien peu de gens n'auraient accepté. "Rendre service" ? C'est ça ? Un service ? Abandonner la moitié de sa vie à une personne, sans savoir ce qu'elle en fait, au risque de ne jamais retrouver sa part à elle, une abnégation totale de soi. Un simple service rendu aux amants sataniques ! Ce n'était que cela pour lui, pour eux.

Elle regarde fixement le médaillon, une envie de le détruire.

Jess part. Alors c'est Nouanda qui écope de son regard froid.

- Tu fais quoi là-dedans ? Dans cette histoire ? Avec lui ? Quelle part il prend de toi ? Qu'est-ce qu'il te donne en échange ?

Ce qu'elle n'a pu faire subir au médaillon, elle le fait endurer à son verre. Il éclate entre ses mains. Giclée de verre, de sang. Elle se lève brutalement, la chaise tombe à la renverse. Elle ouvre ses mains où sont encore plantés des débris. Elle tremble. Seuls ses yeux ont gardé le silex de l'instant d'avant. Le sang sur la table coule vers le pentacle, assoiffé depuis si longtemps.

Le médaillon lui parle, un peu, à sa façon, rappelant une discussion pas si lointaine... Elle songe tout en enregistrant malgré elle la conversation qui se tient. Third se ferait de toute façon un plaisir de lui rapporter les propos. C'est le son de la voix d'Elodie qui la ramène à l'instant présent. Elle sait ce qu'il s'est dit, n'est pas étonnée du départ de Jess, il reviendra. Elle lui répond calmement, ne voulant pas laisser échapper l'énervement de ne pas avoir eu sa place dans cet échange qui concernait leur passé commun, *pour peu que ça soit le passé*, ajoute la Voix, vicieuse, comme toujours.

- Je fais quoi là dedans ? Mais je vis ! Je vis... Dans votre histoire, pas grand chose, dans la nôtre, celle de Jess et moi... Ce que je fais avec lui... J'ai envie de te dire que ça ne regarde que nous.

Léger sourire avorté par le son du verre brisé. Vive, elle se lève et s'approche de la jeune femme blessée. Elle attrape une de ses mains, d'autorité, et en enlève les morceaux de verre brisé, murmure, dans un souffle.

- Ça fait du bien ?

Elle sourirait presque, d'un sourire complice, si le regard de la rousse n'était si acéré. C'est que Nouanda est du genre à se faire mal quand elle est mal, pour déplacer la douleur et pouvoir se concentrer dessus.

- Il ne prend que ce que je laisse entre ses mains. Et il m'a donné, et me donne encore, le goût de vivre.

La Voix fait encore des siennes, ajoutant précisions sur les dernières phrases prononcées. Lui rappelant ce qu'elle lui a offert, et le pourquoi elle veut vivre, désormais.

Un torchon relativement propre est posé dans la première main abimée, elle tente de prendre la seconde pour réitérer ses "soins". À voir si la jeune femme se laissera faire.

» [Lune 226] Des retrouvailles... dans la douleur de ceux qui sont tombés...