Mission maritime

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Le gestionnaire des stocks communautaire ramassa la dernière affichette collée par l'ancien responsable de la sécu, une lune auparavant. La frappant du plat de la main pour enlever la poussières qui s'y étaient déposée, il l'observa un moment, puis griffonna à son dos le message suivant:

Cherche volontaire pour mission effectuée durant une seule lune - nouveaux venus privilégiés - se présenter au bureau du comptable pour y solliciter un entretien - candidature sur critères.

Cpl. D. Hicks
Hicks traina sa carcasse jusqu'au bureau du comptable, jeta un oeil à la petite batisse qui l'abritait, puis franchit le seuil de la porte. Ses lourdes chaussures résonnèrent sur les planches de bois. Derrière le bureau, le comptable griffonnait quelques notes incompréhensibles sur une feuille de papier. Sans attendre que le comptable lève les yeux sur lui, il prit la parole d'une voix grave.

Volontaire....à la condition qu'on m’envoie pas me faire trouer le cul avec seulement ma bite et mon couteau.

Franck Dubogoss
La pointe du crayon de Franck qui, quelques minutes à peine auparavant, glissait sur le papier dans une danse gracile et envoutante, s’arrêta net après un dernier dérapage incontrôlé. Une grosse rature barrait désormais la moitié de son registre. La main qui la tenait se leva instantanément à quelques centimètres de sa prise de note, aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau.

Il aurait aimé avoir des lunettes pour les baisser sur l’arrête de son nez et lever les yeux sur le nouveau venu lentement, dans une scène digne d’un mauvais acteur de série Z. Mais Franck était trop parfait pour cela. Aussi se contenta t-il de sourire à l’approche du nouveau venu.

Sans mot, il se leva de sa chaise en bois de palmier et inspecta le nouveau venu, les mains croisées derrière le dos, tel un potentiel acheteur de chevaux de course. Un coup d’œil sur sa silhouette, la musculature de ses bras et de ses jambes, un regard rapide sur sa mine. Il hésitait même à inspecter la dentition du postulant mais s’y résigna, de peur de se faire mordre. En croisant son regard, il se contenta donc de sourire à nouveau.

Se rasseyant, il ouvrit ce qui pourrait s’apparenter à un tiroir, mais qui tenait plus de la cagette pourrie qu’autre chose. Toujours est-il qu’il en sortit un amas de feuille tâchées et reliées entre elles par un cordon qui ne serait bientôt plus qu’une ficelle. S’humidifiant l’index, il tourna successivement plusieurs coins de page, avant visiblement de tomber sur l’objet de son désir. Tapotant la feuille du plat de la main pour la rendre un peu plus lisible malgré la crasse qui s’était infiltré sur le papier, il la tint devint lui pour la lire attentivement. Après un certain temps, l’homme jeta un dernier regard au caporal.

Hum...en effet, l’ami. Tu semble disposer du profil idéal pour partir en vadrouille. Par contre, autant t’avertir de suite : cette première mission ne sera pas des plus palpitantes. L’un de nos hommes, le dénommé Daparia, vient d’effectuer une longue traversé maritime de six lunes en voilier. Actuellement il a débarqué à quelques lieux de notre communauté. Il s’agirait de le relayer et de prendre sa place à bord du voilier pour rallier notre port d’attache. Une fois chose faite, il ne restera plus qu’à l’amarrer sur nos quais. Ceci permettra à notre dernier missionnaire de se remettre de se refaire une santé dans nos murs, celui-ci commençait à vomir ses tripes et il semblerait bien qu’il ne pouvait plus conduire dans ses conditions.

Bref, il s’agit là d’une mission courte : arrivée prévu pour la lune prochaine, avant la tombée de la nuit. Si tout se passe comme prévu, bien entendu, mais ce sera le cas. Le risque de cette mission frise le zéro absolu. Néanmoins, bien que basique, celle-ci nous permettra de tester tes aptitudes sur le terrain. De nombreuses recrues se présentent à nous, certaines sont fiables et efficace...d’autre non.

A ces mots, Franck paru songeur un instant, se remémorant l’une de ses discutions avec son collègue, Vel, puis il se reprit.

Pour ce faire, voilà donc une ration de survie : une gourde, de la poiscaille séchée et des médocs. Ainsi, que votre itinéraire. Il ne vous reste désormais plus qu’à rallier ce fameux Daparia à pieds avant la tombée de la nuit. Quant à lui, il ne lui reste plus qu’à vous souhaiter bonne route.

Hicks but les paroles de l'intendant sans piper mot. Une fois les consignes clairement énoncées et sans prononcer plus de mot, il attrapa le sac de victuailles, vit volte face en faisant claquer ses lourdes chaussures sur le plancher et prit la direction de la sortie.
En franchissant le seuil de la porte, il jeta par-dessus son épaule la feuille de route chiffonnée en une petite boulette qui vint s'écraser au sol.

Ok, ca sera fait…Y'a pas de petite mission…

Ces derniers mots s'éteignirent alors qu'il s'éloignait déjà de la porte et prenait la direction de la palissade. Il aperçu Stark au loin, se demanda s'il devait le prévenir de son absence alors qu'il observait ses compagnons battre les armures puis haussa finalement les épaules. Pour l'instant, le chef du petit groupe de fabricant d'armures ne lui avait pas fait grande impression, avec son petit air toujours satisfait et trop enjoué.
Il franchit la porte de la petite cité portuaire après avoir échangé un regard avec Vel. Il traina ses guêtres jusqu'au point de rendez vous et aperçu le voilier en question après le passage d'une dune. Son passager était agrippé au bastingage en train de rendre tripes et boyaux.
Un bref échange de mot, portant notamment sur le style vestimentaire du bonhomme, puis le caporal mit pied à bord, débarqua Daparia et mit les voiles.

A n'en pas douter, l'homme avait déjà navigué, il remonta l'ancre, ré-arrima le navire, l'affala et prit place à la barre en un rien de temps. S'il avait été trop occupé dans un premier temps pour se rendre compte de son aisance à manœuvrer le petit voilier, une fois installé à la barre, il se remémora des souvenirs oubliés. L'odeur caractéristique, des mains calleuses qui aidait ses petites mains d'enfants à tirer les cordes, ses petits pieds nus sur le bois du pont….
Abandonner, perdu dans ses souvenirs dont il ignorait l'origine, il faillit oublier de virer en direction de la petite cité. La manœuvre réalisée, il regretta aussitôt de l'avoir effectué, plus par réflexe qu'autres choses. Il porta son regard sur sa main tenant la barre puis sur la ville. Qu'est ce qui l'empêchait de mettre les voiles? A bord du navire, il se sentait libre. Un geste et il pouvait prendre la direction de la pleine mer. Il laisserait derrière lui les Stark et compagnie et leurs armures à la con…on lui ferait même pas cadeau d'une de ses broques une fois le travail réalisé…..La question le maintint en suspend un moment avant qu'il ne soit tiré de ses pensées par sa main…cette main qui tremble inexorablement, qu'il ne peut pas arrêter même avec tous les efforts de sa volonté, ces sueurs froides qui lui parcours le dos, cette envie de vomir et cette impression de lenteur…..Tout devenait lent , déformé, la tête lui tournait ; le malaise dura un moment. Affaler à l'arrière du navire, la vision brouillée et usant de toute sa volonté, il parvint à maintenir le cap du petit voilier jusqu'à ce que sa désorientation soit passée. Il devait voir un médecin…..merde…..il avait besoin des fomoires.

Le temps de reprendre ses esprits, il laissa le voilier au large, le faisant virer de bord dans l'attente d'être en état d'accoster. Une fois la manœuvre enfin réalisé, il amarra solidement le voilier, déchargea seul toute sa cargaison sur le quai. Il regretta aussitôt de ne pas avoir prit le temps de capturer un ou deux des survivants qu'il avait croisé…Il aurait pu les mettre à la tache et aurait éviter de piquer une suée.
Il reprit la direction du bureau de l'intendant, un sourire de satisfaction sur le visage. L'intendant avait sous-entendu qu'il devrait naviguer jour et nuit pour revenir avant la fin de la lune, il était revenu beaucoup plus vite grâce à sa maitrise de la petite embarcation et était d'attaque pour rejoindre le groupe de Stark.

C'est fait! déclara t-il en franchissant le seuil du bureau de Dubogoss.

Le voilier est amarré et la cargaison déchargée. La prochaine fois, prévenez qu'il y a de la marchandise, histoire d'arrimer correctement le navire et d'embaucher 2-3 escla….survivants pour s'occuper du déchargement.
Je suppose que je rejoins le groupe de Stark. Par contre, y'a un médecin dans cette ville?

Hicks s'adossa au chambranle de la porte dans l'attente d'une réponse.

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