L'Egyptienne

Qu'a fait le Sud pour vous aujourd'hui ?

Une musique aux sonorités orientales attire l'aveugle qui recherche à localiser celui qui le diffuse sur les ondes.
Le sourire est discret, un verdict peut être sur son bronzage s'en suivra. Elle ne veut pas influencer son jugement par des minauderies inutiles.
Les dernières notes sont crachottées quand elle arrive enfin à hauteur.
Un. Deux. Trois secondes.

"Merci pour vos contributions à l'Espoir."

Elle remercie certainement Asafa et Aslan en même temps.
Ils comprendront.

Elle n'attend plus que le couvreur de toit la reconnaisse.

Asafa et Aslan émettaient depuis l'intérieur de l'observatoire.
Ses murs assuraient une qualité sonore acceptable et sa position offrait l'une des meilleures portées de transmission.
Quand la musique arriva à son terme, le turc se prépara à couper le micro avant qu'une voix féminine ne surgisse non loin de là.
Il laissa alors sa main sur le bouton en souriant et l'abaissa quand elle eut terminé.
Il se leva enfin, en tapant amicalement sur l'épaule de son camarade.

"Vous auriez dû m'prévenir Emi, on a monté l'matériel technique en catastrophe, aha !
Comment allez-vous ? C'est gentil d'passer nous voir."

Il descend les quelques marches qui les séparent mais ne sait pas très bien comment la saluer.
Il ne pouvait ni lui tendre la main, ni prendre la sienne sans son consentement.

"Asafa, j'vous présente Emi Louise, ancienne porte-parole de la HSC et ancienne citoyenne et diplomate de New-Vegas.
Et la voix suave qui fait vibrer le désert... Mais peut-être avez-vous eu déjà l'occasion d'vous présenter, non ?"

Il enchaina, comme s'il s'agissait d'une confidence.

"Permettez, mad'moiselle, que j'vous guide à l'intérieur ?
Il y a quelques marches..."

Il ouvre alors la main et lui tend le bras.

Elle le reprend avec le sourire, avec le ton mesuré de la confidence.

"Madame... Un dément s'est marié un jour avec moi. Il y a si longtemps que je ne me souviens plus de son visage. Et la seule photo que j'avais de lui, je l'ai donnée au premier homme qui m'a offert ses faveurs quand je suis remontée à la surface. J'étais aussi dessus... hm.. sur la photo, je veux dire... Enfin... ce fut un souvenir pour lui, un papier glacé de moins pour moi."

Elle tend sa main dans sa direction.

"... Merci de me guider alors..."

Puis, fin des messes basses.

"J'ai déjà discuté avec Asafa... J'aurai bien des questions d'ailleurs au sujet de ce mouvement de paix... Enfin, pas vraiment pour lui. Son projet a l'air clair. Mais, c'est plutôt votre implication qui m'intrigue..."

L'homme prend sa main avec délicatesse et la pose sur son poignet.
Il la guide lentement mais sûrement au gré des marches, écoutant, tout sourire, le récit de ses aventures amoureuses.
Puis, arrivant à destination, reprend sa main avec douceur pour la diriger sur le dossier d'une chaise.

"J'vous en prie, installez-vous..."

Emi change de sujet et le turc trouve les raisons de ses questions plutôt amusantes...
Aslan s'attendait à ce genre de questions. Elles n'avaient pas pu venir lors de leur précédente entrevue notamment.
Et lui aussi la trouve intrigante.
Il n'a cependant pas l'air de s'en soucier ou de se brusquer.

"En voilà une question, Emi, aha !
J'vous ai semblé si différent lors de notre dernière rencontre ?"

L'Homme Médecine de la Confédération Neksaire vaquait le temps au sommet d'un des minitoits du monde. Il ne s'était pas mêlé de l'émission et avait su profiter a son du de la musique. Ça s'écoutait a la radio, avec cet infime échos caractéristique et dénué de larsen, ou si peu qu'il était indécelable. Et là, une ombre avec deux épaules d'entrer a reculons dans les boyaux de la motte. Intrigué par ce qui se pressentait comme l'occasion d'agir socialement dans la cité des embrumes. Il descend, non sans prendre son temps. Et d'arriver alors que l'Inconnue de parler à Aslan, et de s'intéresser à ce qui les anime. Un nom est vite associé à sa voix. Emi Louise. Adossé a une paroi, l'air nonchalant.

– «  J'ai déjà discuté avec Asafa... J'aurai bien des questions d'ailleurs au sujet de ce mouvement de paix... Enfin, pas vraiment pour lui. Son projet a l'air clair. Mais, c'est plutôt votre implication qui m'intrigue... »
– « En voilà une question, Emi, aha ! J'vous ai semblé si différent lors de notre dernière rencontre ? »
– « J'serai ben curieux d'qui peut ben s'interroger sur nos ideaux desuets. L'ideologue ou la militante. Ahah. Farzeen, enchanté, ou c'qu'il en reste. »

Le son de la voix d'un nouvel interlocuteur coupe Emily dans son élan d'humilité. Elle voulait rectifier les postes cités par Aslan, mais cela a peu d'importance maintenant.

"C'est une question qui concerne seulement Aslan à vrai dire. Plus par rapport à... "

Elle s'arrête. Les trois hommes travaillent peut être ensemble, mais ce sujet ne doit pas être abordé à la cantonade. Du moins pour l'aveugle qui se sent un peu perdue.

"Enchantée aussi Farzeen. C'est plus la -connaissance- qui pose la question. Je ne peux pas vraiment dire -l'amie- puisse nous avons eu l'occasion de converser qu'une seule fois... Je ne milite plus et je ne suis pas cliente des idéologies. J'avais un travail, et je l'ai quitté. Tout ce que j'ai pu dire sur les ondes, c'était dans ce contexte. Toutes les décisions que j'ai pu prendre, c'était aussi dans ce contexte. Qu'elles fussent bonnes ou mauvaises, je ne regrette rien pour autant."

"Je comprends que Asafa veuille offrir une alternative à ceux qui ne se sentent pas concernés par la guerre...Mais un jour ou l'autre, un de vos amis pourraient tomber dans ce conflit, même sans s'impliquer... Ce n'est pas une attaque... Juste une curiosité. Asafa a déjà répondu, mais avez-vous le même point de vue que lui ?"

Pour le turc, la question n'a aucun sens. Ils sont pauvres et sans le sou, ils ont l'air de tout sauf de guerriers.

"Ahaha....
A vrai dire, Emi, c'est d'jà c'qu'on risque actuellement... Et ce n'seront pas nos choix actuels qui y changeront quelque chose, croyez-moi... Nan, not'seul désir est d'faire en sorte que sa parole survive et reçoive écho. Le reste, savez... Ça n'a pas grande importance et nos âmes sont préparées au pire. Et c'est bien là qu'est notre seule arme : la détermination. Nous, nous n'pourrons jamais empêcher les gens de s'entretuer. Par contre, nous pouvons choisir l'engagement de la paix, du retour de l'homme à la société et à la civilisation. Finalement, Emi, notre plus grand ennemi, c'est nous-mêmes. La victoire ne pourra venir que des consciences."

Elle prend un air inquiet. Elle les entend venir ici, et dans les autres villes du sud. Ils se feront catalogués comme participant à l'intendance des forces du sud. Malgré le discours de paix, ils se feront cataloguer... Comme les autres... Mais ils ont du déjà calculer les risques, pesé les pour et les contre. Inutile de leur imposer une nouvelle fois ce sujet de conversation.

"Je suis désolée... J'ai l'impression de vous ennuyer avec mes questions. Je ne dois pas être capable de vous comprendre... "

Elle s'éloigne et rebrousse chemin.

"Je suis heureuse de vous savoir en vie Aslan. Merci encore pour votre aide pour l'aménagement de Santa Mierda. Passez tous les trois un bon séjour."

"Attendez !!!"

Le turc se précipite devant elle.

"Les marches...
Permettez tout de même que j'vous raccompagne à bon port, Emi..."

L'homme présente son bras de nouveau.

"Où est-ce que vous allez ?"

Elle descend les marches avec l'aide d'Aslan, une aide qu'elle ne refuse pas.
Et sans baisser le ton, pour que chacun puisse entendre.

"Ailleurs. Simplement. Difficile de vous trouver seul ici. Et votre ami Farzeen semble vouloir chercher des problèmes avec moi. Son silence en dit long... Je ne pense pas avoir été désagréable, mais j'ai un passé qui ne plait pas à tout le monde."

Et quelques marche après, tout bas.

"Je suis navrée... Si vous n'avez pas le temps maintenant, contactez moi quand vous aurez un peu de solitude à partager avec moi. Je ne voulais pas vous déranger. Je rentre au campement seule, si vous avez une réunion prévue."

Le turc se retourne vers Anton, l'oeil interrogatif, mais l'homme semble trop absorbé par ses pensées. Aslan, aurait-il raté quelque chose ? Peu importe, il lui en faut plus pour s'inquiéter.

"Oh, vous savez, ce bon Anton est médecin, pas diplomate. Il est sûrement un peu rustre, mais il n'est pas un mauvais homme, savez.
En tout cas, pas de ceux qui couvriraient de bleus une si jolie peau... Ne relâchez pas vos efforts, Emi, vous êtes sur la belle voie....

Je n'ai pas de réunion prévue et j'ai toujours plaisir à être en votre compagnie. Par contre... J'ferai bien un brin de toilette, aha.... C'est moi qui suis navré de ne pas être présentable, Emi.

J'vous propose donc de vous raccompagner, de m'laisser une petite heure et de se retrouver dans un endroit plus tranquille et plus chaleureux.
A votre convenance évidemment, et si vous l'voulez bien, ça va de soi...

Marché conclu ?"

Aslan se tourne vers Farzeen, main en l'air, l'index tendu, qui, dans un roulement de poignet, essaye de lui indiquer qu'il reviendra dans quelques minutes.
Au bras d'une aveugle, le turc se met au langage des signes.

La malvoyante acquiesce. L'échec ne suscite aucune fierté chez elle, et même à l'inverse, elle est peinée d'assumer ses casseroles.

"C'est une bonne idée Aslan. Dans une heure, je me serai changé les idées. Et peut être que vous pourrez me dire quelques mots sur ce rêve de paix."

Heureusement qu'il veut bien lui donner sa chance. Elle lui sourit et s'éloigne dangereusement à reculons.

"Et bien, Marché conclu. Je serai au campement de la Marabunta. Inutile de me raccompagner. Vous serez plus vite au rendez-vous ainsi !"

Aslan hésite, mais finalement la laisse faire, de peur de l'infantiliser comme on le fait trop souvent avec les personnes atteintes d'un handicap.

"Très bien, alors je file...
Mais euh..."

L'homme s'inquiète de la voir marcher à reculons ainsi.

"Faites attention à vous tout de même, hein ? La pente est remplie de cailloux."

Il ne bougera pas de place, silencieux, la regardant s'éloigner pour s'assurer qu'elle ne tombe pas.