Il est temps

Matelot Messages : 87 Date d'inscription : 15/03/2011

Le plan de production de Santa Mierda.
Un moment fort de la vie du campement qui prend forme depuis quelques lunes.
Personne ne semble discuter les choix de Franck. Ou alors, seulement en privé, de manière discrète. C'est ce qu'elle se dit alors qu'il énonce les tâches de chacun.

Voilà plusieurs lunes qu'elle est arrivée, plusieurs lunes qu'elle respecte le deuil de ces personnes qu'elle connait à peine. Personnes dont elle n'a entendu la voix que par radio.
Des personnes qui a une époque, l'auraient accueilli à bras ouverts. Que s'était-il passé depuis ? Même si elle a une certaine conscience des causes, elle voudrait l'entendre de ses propres oreilles.
Avec sa voix à lui, peut être. La même qu'il prend pour dire à chacun comment se rendre utile.
L'absence de réaction face à l'attitude de Mazzy ne présage rien de positif pour elle, pourtant, elle préfère en avoir le coeur net.

L'aveugle se tient à l'écart, les bras croisés. Elle s'est faite discrète depuis son arrivée. Il est plus que temps de mettre fin à cette manie de ne pas se voir.

A la fin, alors qu'il range peut être des feuilles et que chacun repart, elle s'approche de Franck.

"J'aimerai vous offrir à boire."

Si il se tourne vers elle, il peut voir qu'elle lui tend la main. Le visage sérieux, mais paisible.

"On m'appelle Emi Louise."

Et là, elle sourit.

Franck sirotait un dernier verre à sa place habituelle : une sorte de renfoncement naturelle à même la pierre. Le mur du fond par défaut de ce nouveau troquet troglodyte qu’ils avaient emménagé. De là où il était, la lumière du plafonnier peinait à l’éclairer correctement. Ce qui lui convenait parfaitement. Il pouvait ainsi voir sans être vu. Une bonne manière de passer tranquillement la fin de soirée.

Finalement, il inspecta une énième fois le fond de son godet. Non pas qu’il en avait ingurgité plus que de raison, mais la dernière lampée lui avait particulièrement décapé le gosier. Il soupçonnait le barman d’avoir chargé la dose pour le faire décamper rapidement. La nuit était déjà bien noire et les derniers poivrots récalcitrants s’en étaient allés, zigzagant entre les baraquements, pour mieux dégueuler leur tripes dans un coin sombres.

Alors qu’il s’apprêtait à lever le camp à son tour, rassemblant les notes de la future répartition des tâches de ses hommes, une petite voix attira son attention. Lui qui pensait être bon dernier, en voilà une surprise ! Une petite brune qui tient à lui faire la causette. Sourire en coin aussi convaincant que son air las le lui permettait après qu’elle se fut présentée. Il serra la main qu’on lui tendait. Un peu de chaleur humaine. Le contact était agréable. Se ressayant, il tira un tabouret de sous le comptoir et l’invita à faire de même.

Emi Louise...la voix de New Vegas...tiens donc.
Enchanté, mam’zelle. Allons-y pour un dernier verre tardif, si ça peut vous faire plaisir. Du rhum, il ne s'en lasse pas, si c'est vous qui régalez.

Léger signe de la main vers le barman, qui apparemment était fort peu enchanté par cette réunion improvisée.

Dites lui donc, qu'est ce qui vous amène à vouloir tailler bavette avec un comptable désabusé par une heure aussi tardive?

Matelot Messages : 87 Date d'inscription : 15/03/2011

Elle secoue négativement la tête, ennuyée de lui faire croire que le verre se déroulerait ici.
Alors, que leurs mains se quittent après ce salut, elle ne prend pas le temps de lui répondre, et rajoute plutôt :

"Venez au campement de la Marabunta avec moi. C'est véritablement moi, qui vous invite."

Elle fait un pas en arrière, espérant l'attirer avec elle grâce à cette simple explication.

"Si vous ne savez pas pourquoi je peux bien vouloir discuter avec vous Franck, alors que cela fait des lunes que nous vivons dans le même périmètre gardé... Et encore bien plus de lunes que je vous promets un jour de vous rendre visite... Sans compter toutes ces lunes sans un seul mot échangé... Vous qui êtes comptable désabusé, cela nous fait combien de lunes au total gâchées bêtement ?"

Deux pas s'ajoutent au premier, avant qu'elle se tourne en direction du nord.
Plus bas, comme un aveu gêné.

"Et puis, j'ai besoin qu'on me raccompagne..."

L'excuse n'en est pas une. Elle pourrait bien appeler quelqu'un pour l'aider, ou même rentrer seule puisque c'est encore cette route là qu'elle connait le mieux. Mais si l'humour ou l'attrait d'un verre à partager ne fonctionne pas, peut être que l'envie de faire une bonne action le motivera à la suivre.

La réponse l’avait amusé...un instant, mais le voilà à présent bien ennuyé. Réglé comme du papier à musique, à peine le soleil avait il été happé par l'horizon, qu’il avait emboité le pas de dizaines d’autres bonshommes, guettant tous inlassablement le moindre cliquetis caractéristique de la clé du leur petit paradis personnel, qui pour l’heure consistait en un bric à broc de planches et de parpaings montés à la va-vite et empestant encore le mauvais alcool des débauches de la veille. Tels de gros papillons nocturnes attirés par la douce chaleur d’un peu de lumière et surtout d’un peu de douceur alcoolisés dans ce monde de brute. Finalement, les heures s’égrenant unes à unes, et la position de retrait stratégique qu’il avait choisit d'adopter semblait porter ses fruits :tout portait à croire qu'il finirait le reste de sa soirée en tête à tête avec lui-même. Sans oublier ses deux dévoués compagnons du moment : son verre de rhum à moitié vide et sa mauvaise humeur récalcitrante qui, en ce qui la concernait, semblait l’avoir définitivement prit d’affection.

Mais, c’était sans compter sur les aléas qu'on lui réservait. Quitter son siège dont le bois vermoulus commençait à s’emboiter parfaitement avec son fessier...il en fallait de la bonne volonté pour s’enfoncer dans le froid mordant de la nuit hivernale. Jaugeant une dernière fois la jeune fille du regard comme pour peser le pour et le contre de ce retournement de situation, il se tourna une dernière fois vers le tavernier et brandit la bouteille pour lui faire comprendre « qu’il l’emportait tout de même avec lui au cas où on il passerait le reste de sa fin de soirée à boire du thé avec des petits gâteaux secs et qu’il le remerciait de sa gentillesse et lui souhaitait tout de même une bonne soirée. »

D’un petit bond plus ou moins (mal) calculé, il sauta à bas de son tabouret et en profita pour se saisir du trench abandonné sur le bord du comptoir. Souriant à sa future hôte, il tendit son coude, comme pour l’inviter à s’en saisir.

Bien, si son agréable compagnie est, une fois de plus, requise, alors il ne peut se dérober devant l’éventualité d’une si charmante promenade nocturne. D’autant plus s’il vous parait nécessaire de rattraper le temps perdu. Après tout, ce n’est pas comme s’il avait grand-chose de prévu ces derniers temps.

Matelot Messages : 87 Date d'inscription : 15/03/2011

Le discours a la troisième personne fait légèrement hausser les sourcils d'Emi, sans effacer son sourire contenu. La voix de son invité s'est approchée et l'air déplacé par son arrivée rafraîchit son visage.
Elle ne distingue pas le coude tendu, mais se contentera très bien du son de ses pas. Elle ne connait pas Franck Dubogoss, elle ne connait aucun Fomoire.
Il y eu bien une époque où Marve était un Scarifié, mais Saül avait pris l'habitude de l'écarter de sa Brigade, pour de multiples raisons.

Alors la curiosité reste entière. Et comme les questions font fuir ceux que l'on souhaite approcher, elle évite sagement cette voie.
Mais son pas devient presque imprudent d'enthousiasme quand on sait son handicap. Le ton du pirate l'encourage dans cette voie difficilement empruntée, celle de briser le silence.

"Franck... J'aimerai croire qu'un jour, vous me ferez confiance au point de manger les yeux fermés ce que je pourrai cuisiner pour les membres de la Marabunta... Mais je ne suis plus une enfant naïve. Je me contenterai de vous entendre parler. Parce que si vous vous étiez intéressé à ce qui se cache derrière l'image que j'offre aux officiels, nous nous serions parlés depuis longtemps. Je reste quelqu'un de réservé. Je ne parle que si on me sollicite, si c'est nécessaire. Je n'aurai jamais osé troubler votre vie d'avant... Mais maintenant, je crois qu'il y a urgence. Je crois qu'il est temps de vous emmener vers un peu plus de gaités..."

Puis, écoutant sa dernière phrase, un peu maladroite.

"Sans aucune allusion... "

Le campement se dessine, il ne manque que quelques mètres pour y entrer. Elle lui prend le bras cette fois, une main qui se serre sur le triceps.

"... Alors... Je vous ai ramené de cette horrible boisson végasienne, un petit souvenir, rien qu'entre nous deux... Ensuite, puisque vous resterez avec nous, vous aurez le temps de gouter à la Tequila."

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